dimanche 24 novembre 2024

Extradition de François Compaoré : « Nous devons maintenant interpeller l’État français sur l’extradition de François Compaoré, car la justice française a fini son travail », Abdoulaye Diallo

lloAbdoulaye Diallo est une figure bien connue de la société burkinabè. Très actif, il promeut plusieurs festivals en faveur des droits humains et de la liberté d’expression. Il coordonne en outre le centre de presse Norbert Zongo et coorganise le FILEP. Présentement, il est en pleine préparation du festival Ciné droit libre qui commence le 7 décembre 2019. Dans cette interview accordée à Radars Info Burkina, M. Diallo évoque les sujets en lien avec la situation nationale au Burkina Faso. Lisez plutôt !

Radars Info Burkina : Le 13 décembre prochain marquera la 21e année de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, dont la mort vous a inspiré le festival Ciné droit libre. Peut-on espérer que justice lui soit rendu un jour ?

Abdoulaye Diallo : J’ai la ferme conviction que ce dossier sera réglé. Le Burkina Faso a lui-même intérêt à ce que ce dossier soit réglé pour son image. Donc tôt ou tard, il y aura justice pour Norbert Zongo.

RB : Avez-vous des informations sur la procédure d’extradition de François Compaoré, le frère cadet de Blaise Compaoré ?

AD : Nous devons maintenant interpeller l’État français  sur l’extradition de François Compaoré, car la justice française a fini son travail. Emmanuel Macron, de passage à Ouagadougou en 2017, s’est engagé à extrader François Compaoré. La justice française a tranché et c’est maintenant à l’État  de se décider sur des questions techniques. Nous allons remettre une motion à l’ambassadeur de France au Burkina pour demander à Emmanuel Macron de se décider maintenant.

RB : Parlons de la situation sécuritaire nationale : quelle appréciation faites-vous des progrès de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) sur le terrain ?

AD : La situation sécuritaire reste préoccupante. C’est vrai que les FDS font des performances sur le terrain et nous les encourageons à continuer et à faire leur travail de façon professionnelle, dans le respect des droits humains. La lutte contre le terrorisme est l’affaire de tout le monde. Il faut impliquer les populations et arrêter la stigmatisation. 

RB : Parlant de stigmatisation, quelle est votre appréciation de l’affaire Yirgou ?

AD : C’est de cela que je parle. Si on ne règle pas ce genre de choses, on ne va jamais avancer. Parce que l’affaire Yirgou est très grave et sérieuse. Normalement au lendemain de Yirgou, tous les leaders des groupes responsables de cette exaction devaient être arrêtés et emprisonnés. On ne doit pas laisser ce genre de crime rester impuni. Cela est inacceptable. C’est un crime qui a été préparé et exécuté sur plusieurs jours, c’est-à-dire que les bourreaux tuaient du matin jusqu’au soir, se reposaient et recommençaient le lendemain à tuer. C’est un crime qui ne doit pas rester impuni.

RB : D’aucuns estiment que tout cela contribue à mettre à mal la réconciliation nationale tant clamée. Qu’en dites-vous?

AD : Absolument ! Parce que c’est la première fois au Burkina Faso que des gens sont identifiés et tués en fonction de leur sexe et de leur ethnie sur la base de rumeurs disant qu’ils auraient hébergé des individus peu recommandables. Sur les centaines de personnes qui ont été tuées, il ne figure aucune fillette ni femme. Cependant, parmi les morts on dénombre des bébés garçons, de jeunes garçons et des vieux. Ça veut dire clairement que cela a été planifié et ciblé sur plusieurs jours. Et il se  trouve des gens pour dire que c’est un incident. Non ! Un incident ne se déroule pas de façon ciblée sur plusieurs jours.

RB : Plusieurs voix appellent à la réconciliation nationale et au retour des exilés pour faire face au terrorisme. Qu’en dites-vous ?

AD : Si c’est le cas, que ces exilés nous disent clairement que ce sont  eux qui nous attaquent. Ainsi, on ira négocier avec eux; comme on ne veut plus être attaqué, on leur dira de rentrer au pays. Parce que, c’est  ce que ça voudrait dire. Maintenant, est-ce que c’est ce qu’ils veulent dire ? Pourquoi ces gens se sont-ils exilés? C’est parce qu’ils ont peur de la justice de leur pays. Luc Adolphe Tiao, qui était le chef du gouvernement au moment de l’insurrection, est rentré au pays et il est tranquille chez lui. Même Blaise Compaoré, qui l’a chassé du pays ? C’est lui-même qui a appelé ses amis français pour qu’ils l’exfiltrent du pays. Maintenant s’il veut rentrer, qu’il rentre répondre de ses actes et c’est tout.

Propos recueillis par Péma Néya

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