Dans la région du sud-ouest du Burkina Faso, la coloration des cérémonies religieuses pour l’empreinte des traditions des ethnies qui y sont installées. Il en est aussi de même de certaines cérémonies coutumières qui se déroulent avec la présence de certains symboles et rites coutumiers. Dans cette zone, le christianisme est entré s’appuyant sur la culture endogène.
« Il faut lutter pour changer les mentalités au Burkina Faso, mais nous devons faire connaître le message du Christ en respectant ce qu'il y a de bon dans nos coutumes et nos valeurs traditionnelles. Ce sont les épousailles entre le Christ et la tradition, pour donner un visage chrétien à notre société et un visage authentique à notre Eglise ! » Ces propos sont de l'abbé André Ouédraogo. Selon cet ecclésiastique, il s'agit pour l’Eglise d'évangéliser, de faire passer le message du Christ en conservant tout ce qu'il y a de positif dans les coutumes et valeurs traditionnelles, afin de donner un visage chrétien à notre société et un visage authentique à notre Eglise.
De même, pour certains chefs coutumiers, qui sont pour la plupart des catholiques, la religion et les coutumes se complètent. C’est en tout cas ce qu’a indiqué Jean René Somda, chef coutumier de Kpoperi. Selon lui, hormis les rites qui concernent exclusivement les religions traditionnelles africaines, les autres rites coutumiers sont faits de sorte que l’appartenance à la religion catholique ne soit pas un frein à la participation d’un citoyen. Selon l’abbé Cyriaque Hien, directeur de la Radio ONITAS du diocèse de Diébougou, « l’inculturation permet à chaque diocèse d’introduire les pratiques culturelles locales qui ne vont pas à l’encontre de la liturgie ». Pour le cas du Sud-Ouest, tous les rites où interviennent des sacrifices d’animaux ont été expurgés des cérémonies. L’abbé Hien explique à ce propos que « l’Eglise est assez regardante sur le déroulement de ces funérailles pour éviter des dérapages comme les sacrifices de poulets et bien d’autres ». Et cela se fait à travers les Communautés chrétiennes de base (CCB). Par exemple pour les cas de décès, on procédait à une consultation des ancêtres pour savoir la cause de la mort. Cette procédure nécessitait qu’on sacrifie des poulets. De nos jours, avec l’inculturation, la journée de commémoration des morts qui a lieu chaque année dans l’Eglise a une coloration particulière au Sud-Ouest. Au cours de cette journée, en plus du fait que la cérémonie se déroule dans les cimetières, les rites funéraires traditionnels sont suivis. Les jeux de balafon, les danses, les chants tels qu’exécutés pendant les funérailles se font à cette occasion avec la présence de l’autorité de l’église. Selon le directeur de la radio ONITAS, « ces réalités tirent leur origine du concile Vatican II, en 1962, où le pape Paul VI a invité les Africains à s’approprier l’Evangile en ces termes : ‘’Vous, Africains, vous pouvez et devez avoir une évangélisation africaine’’ ».
Avec l’inculturation, la culture des ethnies du diocèse du Sud-Ouest, précisément de l’ethnie dagara, a connu une influence de la culture occidentale et donné un caractère spécifique à l’Eglise catholique dans cette partie du Burkina. Dans cette zone, la religion catholique et plusieurs aspects des coutumes cohabitent sans problème.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné