dimanche 24 novembre 2024

Environnement dans la commune de Zawara : La forêt classée de Laba disparaît

for uneDans cette dernière commune rurale de la province du Sanguié qui s’adosse à la Sissili et limitée par la commune de Poura et le Mouhoun qui coule entre elle et Boromo, se situent trois forêts classées. Seulement voilà : depuis quelques années elles sont menacées de disparition à cause de l’exploitation abusive des populations et des orpailleurs et cela, sous le regard impuissant de l’autorité. Radars Info Burkina y a fait un tour.

Vous n’êtes pas obligé de vous rendre à l’intérieur de la forêt de Laba dans la commune de Zawara pour découvrir le spectre de sa disparition. En effet dès les bordures de la voie nationale numéro 1, l’on aperçoit des tas de fagots entassés et des pistes de camion remorques et à l’intérieur l’on rencontre des sites d’orpaillage en pleine forêt classée.

Ces bûcherons orpailleurs et leurs acheteurs n’ont aucune crainte. Ils sont plutôt craints. Puisque, quand nous avons émis l’idée d’une visite dans cette forêt, un élu local nous a dit : « Allez-y, mais soyez prudent sinon vous risquez de vous faire lyncher.» Un avertissement qui traduit implicitement un aveu d’impuissance de l’autorité. D’ailleurs les bûcherons et leurs clients n’éprouvent aucune gêne à commercialiser en plein jour le bois issu de la forêt ainsi qu’à se balader, hache en main et en camion-remorque en pleine forêt.

L’autorité locale non plus ne dissimule pas sa faiblesse face à la destruction de cette forêt classée. « Vous parlez de forêt classée ? » nous interroge-t-il avant d’ajouter : « Mais il n’y a plus rien. D’ici à la Sissili et jusqu'à Poura et même les autres forêts sont sous exploitation totale et illégale des populations et des orpailleurs qui y font la loi », nous confie une source anonyme proche de la municipalité rurale de Zawara.

Les populations interviewées, quant à elles, disent être conscientes du danger que cette exploitation fait planer leur tête, mais c’est l’une des rares sources pour la satisfaction de leurs besoins vitaux. «  Il faut vendre du bois pour scolariser mes enfants et les soigner. Souvent pour nous acheter de quoi se nourrir », nous explique une mère.

for 2Une misère mise en avant par certains exploitants qui, selon la municipalité, favorise une vente à vil prix de ce bois illicitement acquis. « Les acheteurs surfent sur la pauvreté des populations. Ils leur achètent le plein du camion remorque à 70 000 F CFA qu’ils partent revendre à Ouagadougou à 370 000. »

Selon cette même source proche de la municipalité, des efforts ont été consentis  pour la sauvegarde de ces forêts classées sans gain de cause. La mairie a maintes fois tiré la sonnette d’alarme. Nous avons même commandé des images satellites de la forêt. Ces images montrent une destruction imminente. Nous avons écrit aux autorités régionales à Koudougou. Nous avons alerté l’ASCE-LC sur la gestion opaque de la forêt. Ils ont produit un rapport inquiétant. Mais ces rapports et recommandations sont toujours en suspens.

En attendant que l’autorité se décide, la forêt classée de Laba disparaît. Des bûcherons y font la fête. Des orpailleurs y sèment la pagaille à la quête de cette pierre précieuse devenue ces dernières années le premier produit d’exportation. Certaines sources évoquent l’usage des produits très toxiques et dangereux utilisés pour décimer certains arbres.

C’est dans les années 30 que le colon prit l’initiative de classer ces forêts. Et la protection et la gestion semblent être trop demandées aux hommes intègres. Car cette surexploitation de façon abusive sous le regard impuissant, sinon coupable, des autorités ne date pas d’aujourd’hui.

 Les conséquences du changement climatique se vivent déjà à travers le monde. Chaque année, des conférences et luttes sont organisées, auxquelles le Burkina Faso prend part. Pendant ce temps, le pays a protégé sa forêt classée qui est soumise à une exploitation abusive et massive. Une situation drôle pour le pays de Sankara qui se revendique en tout de ce que l’on constate de ses idéaux. Le comble, à ce qu’il paraît, ce sont même des « Sankaristes » qui occupent le portefeuille ministériel en charge de l’environnement.

Péma Néya

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