La situation sécuritaire délétère que vit le Burkina Faso depuis 2016 est suivie au-delà du pays. Les attaques terroristes ont régulièrement fait l’objet de condamnation à travers le monde. En Côte d’Ivoire, pays voisin du Burkina Faso, un regroupement de mouvements de la société civile a exprimé son soutien au peuple burkinabè dans la lutte contre le terrorisme. Dans cet entretien accordé à Radars Info Burkina, Fougnigué Silué, l’un des leaders OSC, se prononce sur la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest.
Radars Info Burkina : Pouvez-vous nous présenter votre coalition ?
Fougnigué Silué : Il s'agit du Club panafricain universitaire (CPU) dont je suis l'actuel coordonnateur national, de l’Union nationale pour le patriotisme en Côte d’Ivoire (UNP-CI), de la Convergence nationale d’une jeunesse nouvelle en Côte d’Ivoire (CNJN-CI) et du parti politique la Ligue panafricaine-Umoja Côte d’Ivoire (LPU-CI).
RB : Quelles sont les motivations de votre déclaration ?
FS : Il y a un proverbe qui dit que lorsqu’un âne veut te terrasser, tu n'as pas le temps de voir ses oreilles. Nous avons donc voulu, par cette déclaration et l'ensemble des actions qui suivront, interpeller les différents gouvernements africains en général et ouest-africains en particulier ainsi que les organisations continentales et régionales sur la nécessité d'une solidarité agissante et concrète quant à cette situation de terrorisme, mais aussi apporter notre soutien moral au vaillant peuple du Burkina Faso.
RB : Vous dénoncez dans cette déclaration l’inaction des pays africains, selon vous quelle contribution ces Etats peuvent apporter dans la lutte contre le terrorisme ?
FS : Nous pensons que, plus que jamais, ce qui se passe au Sahel concerne toute l'Afrique, encore plus toute l'Afrique de l'Ouest. Il faut éviter les regroupements tels que le G5 Sahel, qui participe plus à déresponsabiliser certains Etats. Tous les pays de l'Afrique de l'Ouest sont concernés par la question du terrorisme donc c'est plus un cadre politique inclusif qui impulse l'opérationnalisation d'une force ouest-africaine qui aura enfin les moyens et la légitimité de cantonnement de bases militaires. C'est aussi l'issue qui tienne compte des importantes ressources que renferment nos sols et nos sous-sols. Elle permet enfin de sauvegarder la souveraineté de nos territoires.
RB : Vos critiques n’épargnent pas non plus les puissances étrangères. Ne sont-elles pas une solution face à cette situation ?
FS : Les forces impérialistes, si elles ne sont pas le problème, ne sont pas non plus la solution. La solution, nous l'avons avancée. Elle a été mieux dite et mieux théorisée par Kwame Nkrumah. C'est une réponse panafricaine qui n'est rien d'autre qu'une unité de combat. C'est aussi sûrement à cette solution que Thomas Sankara faisait allusion lorsqu'il affirme qu'un peuple sérieux ne doit pas confier sa sécurité à un groupe d'hommes, quelle que soit leur expertise. Nous avons, avec la résurgence de ce défi de sécurité, une ultime opportunité d’expérimenter les recettes indépassables du panafricanisme du 21e siècle.
RB : Quel rôle la jeunesse ouest-africaine peut jouer dans cette lutte ?
FS : Dans cette lutte, la jeunesse doit jouer un rôle politique majeur en s'organisant et en maintenant une mobilisation populaire à même d'influencer les décisions des différents gouvernements actuels et à venir dans le sens de la solution panafricaine qui est la plus efficace et la plus durable. Il nous faut nous organiser dans nos différents pays et en marge des rencontres de nos chefs d’États qui continuent de faire dans les solutions néolibérales en marchandant cette question cruciale de l’insécurité.
Propos recueillis par Péma Néya