Le 15 octobre 1987, le capitaine Sankara et ses compagnons sont abattus au Conseil de l’entente. 32 ans après cette fin tragique du père de la révolution d’août 1983, ce dernier est toujours d’actualité. En effet, aux quatre coins de l’Afrique, voire du monde, plusieurs jeunes se revendiquent de son idéal.
« Tuez Sankara ; demain naîtront 1000 Sankara. » Cette phrase quasi prophétique de Thomas Sankara à un journaliste qui s’inquiétait pour sa sécurité est plus que véridique de nos jours. En effet, depuis son assassinat en octobre 1987, le capitaine est resté présent dans les esprits.
Des gadgets à son effigie et certaines de ses citations sur autocollant se vendent au-delà de son pays. Son nom et sa photo trônent lors des rencontres de mouvements progressistes à travers le monde. Des rues, des écoles et des places portent son nom. Des partis et organisations de la société civile, pour l’application de ses idées ainsi que pour que la lumière soit faite sur les conditions de son assassinat, ont même été créés.
La date de son assassinat noie toute autre actualité au niveau national au point que même les médias internationaux n’arrivent pas à s’en passer. Aujourd’hui 15 octobre 2019, cette tradition a de nouveau été respectée. Des jeunes venus de plus de 10 pays africains ont ainsi rendu hommage à « Sankara l’icône » dans la capitale burkinabè.
Pour la plupart de ces jeunes engagés dans des mouvements panafricains, Thomas Sankara incarnait les aspirations des peuples africains. Il demeure à leurs yeux une icône et une source intarissable d’inspiration dans la lutte pour la libération du continent.
« Nous commémorons aujourd’hui la disparition d’un grand homme qui a marqué l’histoire du monde et de l’Afrique. Thomas Sankara était un visionnaire. Chez moi au Tchad, Sankara est toujours d’actualité. Il y a même une école où on ne trouve que ses photos et ses citations», affirme Hassan Mahamat Hachim, étudiant tchadien.
Ti’inguè Fouê, un activiste venu de la Côte d’Ivoire, quant à lui, évoque un président humble et courageux. «Sankara était un grand visionnaire. Un président humble qui se confondait à la masse. Suivre ses traces exige beaucoup de sacrifices», nous a-t-il confié.
Ces jeunes Africains ne sont pas que des nostalgiques des prouesses de l’époque révolutionnaire qu’a expérimentée le Burkina Faso. Ils espèrent surtout en tirer le maximum d’informations et de formation pour le futur. « J’espère qu’un jour ces jeunes qui portent les idées de Sankara prendront le pouvoir et qu’ils feront comme lui », a lancé l’un d’entre eux.
Les idées de Thomas Sankara sont déjà appliquées par le Rwanda. C’est en tout cas ce qu’a affirmé le président de ce pays, Paul Kagame.
En 4 ans d’expérience révolutionnaire, Thomas Sankara et ses camarades ont forcé l’admiration. Le Burkina, qui n’était cité qu’en tant que pays pauvre, est presque devenu un sanctuaire où viennent se recueillir des « combattants » qui se réclament révolutionnaires. Ce 15 octobre, ils étaient encore présents à Ouagadougou pour rendre hommage à Noël Isidore Thomas Sankara. Espérons que d’ici la prochaine commémoration, la justice aura enfin fait la lumière sur la tragique fin du père de la révolution burkinabè.
Péma Néya