La plupart des jeunes cadres de Pouni ont été ses apprenants. Monsieur Sawadogo, encore appelé « l’ancien maître », est un instituteur à la retraite très respecté par ses anciens élèves. Radars Info Burkina s’est intéressé à la vie de ce « Yadga » qui se revendique désormais « Gourounsi » à Pouni, dans le Sanguié.
C’est en 1982 que Théophile K. Sawadogo, jeune enseignant nouvellement sorti de l’école de formation, prend fonction en pays nouni, dans le Sanguié. Depuis, il n’a plus quitté ce village qui, dit-il, l’a adopté. « C’est le colonel Nézien Badimbié qui m’a envoyé à Pouni. Il m’a présenté à ses parents en leur demandant de prendre soin de moi. Et depuis 1982 que je suis installé dans ce village, les habitants m’ont adopté. Ils me considèrent comme un des leurs. J’ai une place dans toutes leurs activités. C’est pourquoi j’ai décidé de passer ma retraite ici », nous confie-t-il.
Aujourd’hui encore, ses anciens élèves lui vouent respect et considération. Pour chaque activité, il est sollicité et félicité pour ses services. La plupart de ses anciens élèves voient en lui un instituteur rigoureux, qui a su donner l’envie d’apprendre à ses écoliers.
Vincent Bazié a été proviseur au lycée communal Pakiri de Pouni. Il prendra sa retraite en novembre prochain. De l’instituteur Sawadogo il dira : « Il fut mon premier maître-stagiaire. C’est un grand pédagogue. »
Les différents actes de reconnaissance et de gratitude manifestés par les apprenants d’hier ne laissent pas M. Sawadogo indifférent. « Quand je les enseignais, je ne m’attendais pas à cette reconnaissance. Je les avais même oubliés et j’avais cru qu’ils m’avaient également oublié. Mais ils sont là à tout moment et m’appellent de partout. Je reçois de nombreux présents de leur part. C’est une fierté pour moi qu’ils soient aujourd’hui de grands cadres qui, en plus, sont reconnaissants », affirme-t-il.
Interrogé sur son appréciation du niveau actuel de l’enseignement, M. Sawadogo trouve qu’il est en baisse. « Nous, nous avons été formés par les Blancs, les colons. Quoi qu’on puisse dire des Blancs, ils mettent du sérieux dans ce qu’ils font. Malheureusement, je constate aujourd’hui qu’il y a une baisse de niveau.»
Pour l’instituteur à la retraite, la connaissance seule ne suffit pas. Chaque enseignant doit développer sa pédagogie et sa technique de transmission du savoir. Selon lui, l’enseignant ne doit pas se contenter de transmettre, il doit également apprendre à apprendre de ses élèves. « Un enseignant qui n’apprend pas de ses élèves ne peut pas évoluer. Ça s’appelle le système entonnoir et ce n’est pas bon pour l’enseignant lui-même car l’enseignement, c’est un domaine du donner et du recevoir», a-t-il déclaré.
A l’image de M. Sawadogo, plusieurs personnes à la retraite sont des formateurs monumentaux à qui la société tout entière devrait traduire sa reconnaissance. Elles peuvent être toujours utiles au travail d’éducation de la nation.
Péma Néya