dimanche 24 novembre 2024

Emissions interactives sur les radios : Un moyen de pression pour la bonne gouvernance

interact uneTous les matins, des citoyens à travers le Burkina Faso appellent sur les ondes de radios pour participer à des émissions interactives : les uns pour féliciter les bonnes actions du gouvernement, les autres pour dénoncer et interpeller les dirigeants ainsi que le citoyen lambda sur leurs devoirs. Radars Info Burkina s’est intéressé à la contribution des émissions interactives à la veille citoyenne.

Serge Yannick Balima est animateur d’une émission interactive sur la radio Horizon FM, la première station de radio privée du Burkina. Du lundi au vendredi, il organise et coordonne en direct les interventions d’une soixantaine de personnes pendant 1h30mn, soit de 06h à 7h30, horaires pendant lesquels chaque intervenant a droit à 3 minutes pour s’exprimer. C’est alors au tour des gouvernants d’écouter les auditeurs, devenus des personnes-ressources pour la circonstance et qui passent en revue les sujets d’actualité. «  Ce sont des émissions qui donnent la parole aux citoyens. Ils se prononcent sur les grands titres de l’actualité nationale et internationale», explique Serge Yannick Balima.

A l’en croire, ces émissions constituent un apport énorme à la bonne gestion du bien public. La plupart des citoyens n’ayant pas d’autres moyens de se faire entendre, ces émissions constituent un canal efficace  d’expression pour bon nombre d’entre eux. Et d’ajouter que plusieurs problèmes ont pu trouver solution suite aux interpellations de citoyens lors de ces émissions interactives. « Lorsque la mairie avait annoncé la baisse des frais de parking dans les hôpitaux, la mesure n’était pas respectée. Mais suite aux interpellations des auditeurs, le maire était obligé lui-même d’appeler à la radio pour rassurer les gens qu’il allait veiller à ce que la réglementation soit respectée. Autre exemple illustratif : le cas des animaux en divagation. Les citoyens se sont régulièrement plaints sur le radio jusqu'à ce que les autorités finissent par se décider», nous a-t-il confié. Un fait qui atteste de la force de ces émissions auxquelles participent même parfois des ministres et autres hauts cadres du pays.  

Toutefois, ces émissions butent sur une difficulté. En effet, elles sont réalisées en direct sur la radio si bien que l’animateur n’a pas la totalité du contrôle des propos des intervenants. «  C’est difficile de contrôler les paroles des gens. Le temps que vous vous en rendiez compte, certains mots peu amènes ont déjà été prononcés. »

Il y a aussi le fait que parfois, certaines personnes tentent d’inciter à la haine de façon volontaire ou involontaire lors de ces émissions. « On a dû suspendre certaines émissions. Surtout pendant la période qui a suivi le drame de Yirgou. Certains auditeurs très en colère tentaient d’appeler à la vengeance», toujours selon M. Balima.

Malgré ces quelques insuffisances, les émissions interactives constituent pour plusieurs personnes un moyen efficace de se faire entendre. Elles contribuent à l’amélioration de la bonne gouvernance et attestent de la vitalité de la démocratie et de la liberté d’expression dans le pays.

 Leur suspension par les autorités de la transition en 2015 avait même été qualifiée de recul démocratique. Des organisations professionnelles des médias avaient même menacé de battre le pavé. Et ce, pour rappeler aux autorités d’alors l’histoire de ces émissions ainsi que leur apport pendant la période qui a conduit à leur avènement au pouvoir. Une indignation qui a contraint ces dirigeants à un rétropédalage.

Péma Néya

 

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