dimanche 24 novembre 2024

Racket sur les axes routiers pour non-détention de documents d’identification : Son impact sur la sécurité du Burkina Faso

rack uneEn ville ou en campagne, sur les axes routiers certains agents de sécurité chargés du contrôle de l’identité des personnes devant entrer dans les différentes villes s’adonnent au quotidien à une pratique peu honorable : le racket. Pour les passagers n’ayant pas leurs documents au complet, le billet de banque est le sésame qui permet de passer le poste de contrôle de police ou de gendarmerie. Dans ce contexte où le Burkina traverse une crise sécuritaire, quel peut être l’impact de ce racket routier sur la sécurité des personnes et des biens ?

« Compte-moi le nombre de passagers et fais ce que tu as à faire. » Cette phrase a été prononcée par un agent de sécurité en poste à la frontière Burkina Faso - Côte d’Ivoire. Il s’adressait au convoyeur d’une compagnie de transport de la place. Et celui-ci lui a répondu : « Chef, il y a 44 passagers. » Pour pouvoir passer, ledit convoyeur a dû payer la somme de 44 mille francs CFA à l’agent en question et son véhicule a été autorisé à passer sans contrôle aucun.  Cette scène vécue par le journaliste Paul Miki Roamba de Ouaga FM en dit long sur l’extorsion d’argent dont  les passagers et les compagnies de transport sont victimes au quotidien sur les axes routiers et cela, tant au niveau national qu’à celui sous-régional. A l’intérieur des villes, aux abords des feux et des grands carrefours, cela est visible. Des citoyens sont victimes de racket de la part de forces de sécurité. Cette pratique, qui n’honore pas les agents, expose tous les citoyens à des menaces sécuritaires. A l’entrée des villes, la règle étant la possession de billets de banque pour franchir les postes de contrôle, même sans documents d’identification il y a assez de risques que des individus malintentionnés usent de cela pour s’installer où ils veulent afin de commettre des actes délictuels. Selon Paul Miki Roamba, les agents de sécurité dans les villes favorisent eux-mêmes souvent les conditions de la corruption quand les usagés sont en infraction. rack 2Comme stratégie, ils font comprendre au citoyen en délit qu’il a intérêt à payer une somme moindre sur place, par exemple six mille francs CFA, plutôt que d’aller au commissariat payer 12 000 F. Et nombreux sont ceux qui dans les grandes villes du Burkina se déplacent sans documents d’identité. Il en est de même pour plusieurs engins qui circulent dans la ville sans que leurs papiers soient à jour. Si pour les hommes cette corruption peut favoriser l’entrée des terroristes sur le territoire, les engins, quant à eux, peuvent exposer les citoyens à l’insécurité routière. Avec des engins ayant des défaillances techniques, les risques d’accidents de la route sont très élevés, d’autant plus que beaucoup circulent sans être à jour de la visite technique ou même sans carte une grise établie en bonne et due forme.

En dépit des dénonciations faites par le Réseau national de lutte anticorruption (RENLAC), des films documentaires et des émissions interactives des radios de la place, la pratique perdure. Face à cette situation, nombreux sont ceux qui se posent la question de savoir s’il y a une réelle volonté d’endiguer le phénomène. Si le quatrième pouvoir qu’est la presse, à travers des émissions, des films documentaires et divers écrits, lève le lièvre et que les autres, spécifiquement le pouvoir judiciaire, trouvent que c’est un non-évènement, cela est inquiétant pour un pays démocratique.   

Qu’à cela ne tienne, dans cette affaire les responsabilités sont partagées d’autant plus que pour qu’il y ait corruption, il faut un corrupteur, un corrompu et un protecteur de ceux-ci qui est sans doute le silence coupable des institutions devant réprimer ces actes.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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