On les aperçoit nuit et jour aux alentours de l’aéroport international de Ouagadougou, ces jeunes qui vivent des opérations de change de monnaies. Une activité qui emploie plusieurs d’entre eux mais qui constitue une forme de concurrence déloyale pour les professionnels de ce domaine. Radars Info Burkina est allé à leur rencontre.
Ali est le nom que nous décidons d’attribuer à un jeune homme qui fait le change aux alentours de l’aéroport de Ouagadougou. Depuis 5 ans, il s’y rend tôt le matin. Il y passe toutes ses journées et même une grande partie de ses nuits à proposer de la monnaie liquide à ceux qui viennent d’atterrir sur le sol burkinabè et qui ne disposent pas de francs CFA.
« J’ai commencé ce métier par le truchement de mon grand frère. Aujourd’hui, je travaille pour moi-même », nous confie-t-il. Exercer ce métier suppose que l’on ait beaucoup d’argent liquide sur soi. « Je travaille avec une banque de la place. Grâce à ce partenariat, j’arrive à avoir de l’argent liquide. J’arrive également à échanger les divers billets des monnaies étrangères que je reçois de mes clients », nous explique-t-il.
Selon lui, le métier de cambiste lui permet de gagner son pain quotidien. « Quand nous faisons les échanges, nous tenons compte du cours du dollar américain. Ensuite nous calculons les marges bénéficiaires qui nous reviennent et qui nous permettent de vivre. C’est pourquoi nous ne pouvons pas faire le change aux mêmes taux que les banques », ajoute Ali.
Cependant, il ne manque pas de souligner les risques auxquels les cambistes sont exposés. « Le premier des risques dans ce métier, c’est le vol, voire les agressions, car tout le monde sait que nous avons du liquide sur nous. Il y a aussi des gens de mauvaise foi qui nous refilent de faux billets. Si vous n’êtes pas vigilant, vous pouvez ainsi vous faire avoir facilement. Un de nos amis a reçu des centaines de faux billets. Cela a été une grosse perte pour lui.»
Si ce métier permet à des jeunes de gagner leur vie, il reste tout de même une forme de concurrence déloyale pour les banques et cabinets professionnels d’échange de monnaies. Ali dit en être conscient mais défend son activité.
« Nous savons que notre métier peut être considéré comme illégal. Mais nous ne faisons pas seulement des économies sur le dos de nos clients. Nous les aidons à s’adapter à la ville. Beaucoup d’entre eux ne sont qu’à leur première visite au Burkina. Ils ne connaissent pas encore la ville ni une banque proche où ils pourront échanger leurs devises. Parfois, ils n’ont même pas de liquidité en francs CFA sur eux pour s’acheter une puce de téléphone, encore moins pour emprunter un taxi. C’est grâce à nous qu’ils arrivent à faire leurs premiers achats nécessaires », se défend-il.
Ce système de change permet à plusieurs jeunes, même s’ils ne sont pas des professionnels du domaine, de joindre les deux bouts. Il est donc nécessaire qu’on songe à l’organiser conformément aux règles en vigueur en la matière.
Péma Néma