Il n’y a pas que les professionnels de l’information qui vivent de la presse. Plusieurs activités annexes se sont développées de façon indirecte autour de ce métier. Parmi elles, la vente des journaux. Les marchands de journaux, certes, ne collectent ni ne traitent l’information mais ils la rendent accessible aux lecteurs. Radars Info Burkina est allé à la rencontre de personnes qui exercent ce métier.
On les aperçoit aux grands carrefours et à certains feux tricolores de la ville de Ouagadougou, ces jeunes qui se faufilent entre les voitures et les engins à deux roues, journaux en main, pour servir leurs clients. Eux, ce sont les marchands de journaux. Certains ont même au compteur une vingtaine d’années de pratique de ce métier.
Alassane Demia fait partie de ces marchands ambulants qui prennent d’assaut les artères de la capitale Ouagadougou pour vendre les journaux. Une activité qu’il dit exercer au quotidien depuis maintenant 23 ans. « Je vends les journaux depuis 23 ans. J’ai commencé en 1996, quand l’affaire Hyacinthe Kafando faisait la Une des journaux. Après, ont suivi la CAN 1998, l’assassinat de Norbert Zongo, les élections, les événements de 2011, l’insurrection populaire ainsi que le putsch manqué de 2015. C’est une période où la vente des journaux était une activité très lucrative », nous a-t-il confié.
Comment l’acquisition des journaux se fait-elle avec les organes de presse ? Alidou Ouédraogo aussi est vendeur de journaux. Nous l’avons rencontré sur le boulevard Charles de Gaulle et voici ce qu’il nous a expliqué à ce propos : « Nous versons une caution aux maisons de presse qui nous accordent un lot de journaux à vendre avec une marge bénéficiaire. Après la vente, nous prélevons notre pourcentage et reversons ce qui revient à l’organe en question. Nous lui retournons aussi les journaux invendus. »
A en croire ces personnes qui exercent ce métier, c’est une activité lucrative. En effet, elles affirment s’en sortir en vendant des journaux au quotidien aux lecteurs. Ce qui explique d’ailleurs que certains d’entre eux aient au compteur plusieurs années d’exercice de cette activité. « Auparavant, il n’y avait pas beaucoup de journaux comme c’est le cas actuellement. Il n’y avait que le quotidien d’État Sidwaya, L’Observateur Paalga, Le Pays, Le Journal du Jeudi (JJ) et L’Indépendant de Norbert Zongo. Les gens lisaient beaucoup les journaux et grâce à cette activité, j’ai pu me construire une maison et me marier. Aujourd’hui, je suis père de quatre enfants que je prends en charge avec les revenus de la vente des journaux », nous confie l’un des revendeurs.
Cependant, l’avènement du numérique et des réseaux sociaux a eu un impact considérable sur ce secteur. « Les réseaux sociaux ont un impact très négatif sur notre activité. Bon nombre de citoyens s’informent maintenant sur la toile, si bien qu’ils achètent de moins en moins les journaux. C’est surtout les vendredis qu’ils les achètent», nous dit Alassane Diema, qui déplore également l’attitude de certains de leurs clients : « Il y a des « bosses » qui prétendent ne jamais avoir de monnaie et qui partent souvent avec notre argent. »
Dans un pays où le problème d’emploi se pose avec acuité, les initiatives d’auto-emploi sont des perspectives encourageantes qui peuvent contribuer à réduire le taux de chômage. Ne dit-on d’ailleurs pas qu’il n’y a pas de sot métier ? Cette maxime trouve son sens avec ses marchands de journaux que l’on rencontre dans les rues de Ouagadougou.
Péma Néya (Stagiaire)