dimanche 24 novembre 2024

Déplacés internes à Ouagadougou : Entre situation humanitaire difficile et espoir de retour au bercail

depla uneElles sont plus de 200 personnes originaires de Silgadji, dans la province  du Soum,  à avoir fui les attaques terroristes pour se réfugier dans la capitale burkinabè. Ces déplacés se sont installés depuis le mois de juin dans l’arrondissement 9 de la commune de Ouagadougou. Depuis, plusieurs organisations humanitaires volent à leur secours mais leurs conditions de vie restent critiques. Radars Info Burkina s’est rendu à Pazani sur un site de déplacés.

Pazani est le nom d’un petit quartier de l’arrondissement 9 de la commune de Ouagadougou. C’est dans une école primaire leur servant d’habitats de fortune que les déplacés venus du Soum s’abritent.

Un coup d’œil sur cette école, exiguë et modeste, permet d’y apercevoir des femmes visiblement en détresse assisses au pied du mur dudit établissement. « J’espère que vous nous apportez des cadeaux ? » nous lancent-elles.

Ces mères de famille, depuis qu’elles sont arrivées là, ne pensent qu’à leurs champs et maisons en cette période agricole.  « Les années antérieures à pareil moment, j’étais dans mon champ d’arachide ou de haricot. Mais aujourd’hui, me voilà assise à Ouagadougou sans maison ni grand-chose à manger. Nos enfants ont tous quitté l’école. Nos maris sont épuisés. Ils nous font même pitié. Les jeunes essaient de trouver de petits métiers, mais sans succès. Les autorités et les gens de bonne foi nous apportent de quoi tenir mais ça ne suffit pas. Nous-mêmes avons honte de vivre de dons », se lamente l’une d’entre elles. Pour la plupart de ces femmes, ce sont les mêmes complaintes.

depla 2Ousmane Sawadogo est l’un des doyens de ces déplacés internes. Personne ne peut souhaiter vivre dans des conditions pareilles, dit-il en réponse à ceux qui leur reprochent d’avoir trouvé refuge à Ouagadougou. « Au village, on n’avait pas grand-chose, mais au moins on avait nos ânes et nos bœufs avec lesquels on faisait l’agriculture. Certains d’entre nous s’en sortaient dans le commerce et bien d’autres activités. C’était largement mieux que ce que nous vivons ici.  Ce que nous avons vécu est grave ; il y a eu plusieurs attaques de nos villages. Nous avions espéré que la situation allait s’améliorer, mais nous avons finalement dû nous rendre à l’évidence », nous a-t-il confié.

Si ces déplacés ont pu échapper aux attaques des groupes terrorismes qui sévissent dans cette partie du pays, ils restent piégés par une situation humanitaire critique. 

Le gouvernement et de bonnes volontés se sont organisés pour apporter assistance à ces déplacés, des actions qu’Ousmane Sawadogo salue mais il souligne que des difficultés demeurent.  « Nous remercions les autorités et les habitants du quartier qui nous ont reçus et qui nous soutiennent depuis notre arrivée mais comme vous le voyez vous-même, nous vivons une situation difficile. Nous n’avons aucune source de revenu, nous sommes coincés dans de petites salles de classe qui nous servent de dortoirs. Le problème de nourriture et de soins de santé est une réalité à laquelle nous sommes confrontés au quotidien »,  nous dit-il.

Les attaques des groupes terroristes armés contre le Burkina depuis 2016 ont une multitude de conséquences. Les déplacées internes font partie des victimes de ces actes criminels. Ces déplacés ont été obligés d’abandonner maisons, champs… En dehors du strict nécessaire qu’ils ont pu emporter, ils ne comptent que sur l’aide humanitaire de l’Etat, d’organisations non gouvernementales ainsi que de bonnes volontés pour survivre tout en espérant pouvoir un jour retourner au bercail.

Pema Neya (Stagiaire)

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