Le « djile », c’est le nom du balafon en langue dagara. Cet instrument de musique permet de sanctionner les mauvais comportements d’un individu, de son vivant à sa mort. Pour les vivants, une chanson est composée pour fustiger un comportement inadmissible pour la communauté. S’agissant des rites funéraires, la valeur communicative est tout autre : elle est soit horizontale, soit verticale.
A la lumière des notes du balafon, l’oreille avertie peut savoir s’il s’agit d’un rite, d'un divertissement ou de funérailles. Et dans ces conditions, il y a une dimension horizontale, qui est celle avec soi-même et avec les autres, d’une part. D’autre part, elle peut s’établir entre instrumentistes et au-delà de cela ; celle-ci peut s’établir entre instrumentistes et public, selon Richard Somda, balafoniste à Kpopéri.
Dans sa dimension verticale, où il devient un lieu de rencontre avec le monde invisible (les ancêtres, Dieu ou les Esprits), le balafon a une valeur sacrée.
Pour les rites funéraires, a en croire le chef du village de Kpopéri, Jean René Birfour, les premiers balafons sont déterminants. Car le type de balafon et le jeu déterminent si le mort est un homme ou une femme, surtout avec l’accompagnement du tambour. C’est le premier type de balafon, nommé « lodjile ». L’autre, appelé « degaar », intervient au moins des heures après l’exposition du corps. Il précise que tout balafoniste sait à quel moment jouer tel ou tel rythme. Ces types de balafon sont distincts de ceux utilisés lors des danses populaires ou des funérailles et les avertis savent décrypter le message livré par les balafonistes quand ils jouent de leur instrument. Ce que Jean René Birfour déplore, c’est le fait qu’en ville et même lors de certaines manifestations dans le Sud-Ouest, certaines foulent aux pieds ces règles qu’ils connaissent pourtant.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné