jeudi 21 novembre 2024

Procès putsch 2015 : « …Ceux qui crient à la détention arbitraire et autre, montrent qu’ils ne veulent pas être jugés », Me Guy Hervé KAM

Proces putsch 2015Le procès tant attendu du putsch de 2015 s’est ouvert ce mardi 27 février 2018 dans la salle des banquets de Ouaga 2000. Après avoir été suspendue à deux reprises, les avocats de la défense ont fini par quitter la salle d’audience. Selon eux, le président du tribunal est illégitime pour diriger ce procès. Nous vous proposons quelques avis des personnes au sortir de cette audience.

 

Canon AzizAziz CANON, ingénieur en Génie civil : « Les avocats de la défense disent que le président n’est pas dans ses prérogatives de diriger ce tribunal puisqu’il a été nommé le 23 janvier 2018. La date de la publication du décret sur le journal officiel était le 22 février 2018. Comment voulez-vous que ce président dirige les débats ? »

 

Me Timothée ZONGO, avocat de la défense : « Nous avons quitté la salle parce que nous estimons que le minimum légal requis pour faire une audience n’a pas été respecté. Nous estimons que le décret qui a désigné le président n’est pas encore en vigueur. Sa nomination a été publiée le 22 février 2018. Hors, il faut huit (8) jours pour que le décret soit en vigueur ».

 

Paul LONGRAWA, blessé du putsch : « On pense que c’est un sabotage. Normalement le procès est ouvert donc il revient à chaque partie de venir et débattre intellectuellement. On veut tout simplement savoir qui a fait quoi, qui a tué, qui a donné l’ordre de tuer et pourquoi ? Que les coupables soient condamnés et les innocents relaxés. C’est désolant qu’on arrive au procès et qu’il se pose le problème de loi ».

 

Me Guy Hervé KAM, avocat de la partie civile : « Nous avons vécu ce premier jour d’audience sans étonnement parce que dans ce genre d’affaire, lorsque les charges pesantes sur les personnes poursuivies sont énormes, on utilise en général la défense de la rupture. Cela veut dire qu’on cherche par tous les moyens à discréditer la juridiction qui va siéger. C’est exactement ce qui s’est passé aujourd’hui. Tôt ou tard, les personnes poursuive devront rendre compte devant le peuple burkinabè. Pour le moment, ce n’est pas la déception, car c’était tout à fait prévisible. Cette situation confirme que ceux qui crient à la détention arbitraire et autre, montrent qu’ils ne veulent pas être jugés ».

Me BayalaMe Rodirgue BAYALA, avocat de la défense : « Il n’y a pas de tribunal pour juger, c’est pourquoi nous sommes partis. La loi qui institue le décret du renouvellement des membres du tribunal militaire n’est pas rentrée en ordre. Nous avons estimé que nous ne pouvons pas être complices de cette violation flagrante de la loi. Nous sommes venus pour plaider devant une juridiction et du moment où il n’en existe pas, nous avons préféré nous retirer. Le président a pris une décision alors que lui-même est nommé en vertu du même décret. Si le décret n’est pas rentré en vigueur, il ne peut pas prendre une décision et n’en parlons pas de constituer un tribunal. Nous n’avons pas peur de ce procès, car nous sommes très sereins ».

 

Simon Pierre DOUAMBA, citoyen : « Nous avons assisté à un débat contradictoire entre les différentes parties mais vers la fin, ils ont demandé à ce que des textes soient respectés. Il semblerait que le texte réglementaire qui installe la juridiction n’est pas encore d’actualité parce qu’il ne respecte pas le cadre juridique. Les avocats de la défense ont quitté la salle donc ils étaient obligés de suspendre l’audience ».

 

Dabo AzizAziz DABO, secrétaire exécutif et porte-parole de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) : « Le président du tribunal a voulu faire fie de ses inquiétudes en disant qu’il va poursuivre la constitution du tribunal et ses inquiétudes seront traitées plus tard. D’un commun accord, les avocats de la défense ont décidé de quitter la salle donc l’audience est suspendue. On va attendre désormais une autre date pour la suite. Ce qui nous intéresse au niveau de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), c’est que les décisions soient prises dans le respect des textes et des lois de la République. Nous n’avons pas le droit de plonger dans les sentiments et les émotions. On doit respecter les lois et le droit doit être dit. C’est ça qui doit être le plus important ».

Me Michel TRAORE, avocat de la défense : « C’est une juridiction fantôme. En tant qu’acteurs de la justice, si nous nous attelons à encourager de telles illégalités, ça veut dire que nous aurions participé à une œuvre qui ne découle pas de la justice. Nous pensons que notre objectif n’est pas cela. Nous attendons le respect de la loi donc de la légalité. Cela veut dire qu’ils n’ont qu’à se mettre en phase de la légalité et nous ferons notre part. Dans tous les cas, j’ai foi que ce procès va se tenir comme nous le souhaitons ».

Abdoulaye SourgouAbdoulaye SOURGOU, ancien député du CNT : « Pour nous les citoyens lambdas qui n’avons pas trop d’expériences en droit, nous sommes un peu perplexes. Au Burkina Faso, nous avons tous applaudit l’indépendance de la justice donc le droit doit être dit en fonction de tout qu’il y a comme loi et ses accessoires. Aujourd’hui, nous écoutons attentivement et nous suivons le rythme de la justice. Du côté des avocats des accusés, nous pensons que c’est une manière de gagner en temps. Ils disent qu’il y a une loi qui n’est pas en vigueur donc ils ne sont pas d’accord pour cela. Personne ne connaît l’avenir donc nous nous remettons à Dieu et aux bons sens des hommes de la justice. Le procès a commencé donc cela doit forcement se terminer ».

 

Propos recueillis par Cryspin LAOUNDIKI

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