Dans la capitale burkinabè, l’Office national de l'eau et de l'assainissement (ONEA) construit des bornes-fontaines pour fournir de l'eau potable aux populations défavorisées qui n'ont pas les moyens d'installer un branchement particulier à domicile. Ces bornes-fontaines sont très fréquentées dans les zones périphériques. Radars Info Burkina est allé à la rencontre d’hommes et de femmes à qui l’ONEA a confié la gestion de ces dispositifs.
Dans la matinée de ce mercredi 21 août, le ciel est nuageux dans la capitale. Nous sommes au quartier Sinyiri, non loin du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Daouda Ouédraogo, un adolescent, est assis sur une borne-fontaine pendant qu’un client de son âge est en train de remplir ses bidons de 20 litres posés sur une petite charrette.
Il est en classe de 5e et pendant les vacances scolaires, il remplace sa mère dans la gestion de la fontaine. Selon ses dires, il vend au minimum 1000 F et au maximum 5000 F par jour.
Nous nous rendons par la suite au quartier Somgandé. Sabane Pakodé, la cinquantaine, est entouré de clients avec des bidons et des seaux comme récipients.
«Je suis gérant de cette borne-fontaine depuis 6 ans. Les gérants d’avant ont bien bénéficié des fontaines. Actuellement il y a beaucoup de bornes-fontaines qui se côtoient dans les quartiers. Depuis que je suis ici, je ne parviens pas à économiser pour mon épanouissement. Ainsi la nuit je deviens vigile pour pouvoir subvenir aux besoins de ma famille», confie Sabane Pakodé.
Il précise que le bidon coûte 10 F et la barrique 75 F. Mais tout ce qu’il réalise comme gain sert à payer la facture de l’ONEA à la fin du mois, déplore-t-il.
Nous le quittons pour un autre site qui se trouve dans à cheval entre la zone non lotie et la zone lotie de Somgandé. Edwige Gouba est employée par le propriétaire de la fontaine pour la gestion. Elle dit gérer l’infrastructure depuis 2 ans. A son niveau, on constate de l’affluence et la présence de barriques pour la location. Le bidon est cédé à 10 F et la barrique à 75 F. Mme Gouba fait savoir qu’elle réalise une recette journalière d’environ 5000 F par jour. Elle loue également des barriques à 150 F aux clients qui en ont besoin.
«Je suis payée à 10 000 F le mois. J’arrive à subvenir mes besoins. Donc c’est bien », avance-t-elle.
Omar Sawadogo, un trentenaire père de deux enfants, est en train de remplir sa barrique. C’est son activité principale. Il achète l’eau à 75 F et la revend à 250 F ou 300 F, selon la distance des clients qui se trouvent dans la zone non lotie et de l’autre côté dans les parcelles.
«Je vends environ 10 à 20 barriques par jour. Grâce aux revenus que j’en tire, je parviens à satisfaire les besoins de ma famille», affirme-t-il.
Selon la Banque mondiale, 72,4 % des habitants du Burkina Faso (zones urbaines et rurales confondues) ont globalement accès à des sources d’eau améliorées, mais en 2016 des disparités étaient encore observées en la matière entre les zones urbaines (92%) et les zones rurales (65,3 %).
À Ouagadougou, l’accès à l’eau potable s’est sensiblement amélioré, passant de 54 % en 2001 à 90 % en 2016 (63 % de personnes étant desservies par des branchements domestiques et 27 % par des bornes-fontaines).
Aly Tinto (Stagiaire)