Dans la première semaine du mois d’août, 2 accidents mortels ont été enregistrés sur la route nationale no 1, c’est-à-dire celle reliant Ouaga à Bobo. Le 6 août dernier, 4 personnes sont décédées et 15 autres ont été blessées dans un accident de la circulation survenu à Boni, village situé à 65 km environ de Boromo. Deux jours après, soit le 8 août, ce sont 2 personnes et 160 béliers qui perdaient la vie suite à l’accident d’un camion remorque à une trentaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso. Pour savoir les causes de ces multiples accidents et surtout les actions à mener pour les éviter, Radars Info Burkina a rencontré des conducteurs de camions et de cars de transport public qui empruntent régulièrement cet axe routier.
Dans l’après-midi du jeudi 15 août 2019, nous arrivons à la gare routière de Ouagadougou. Sous un hangar, nous remarquons des hommes assis sur un banc. A quelques mètres d’eux, c’est une longue file de gros camions que nous constatons. Ils sont les conducteurs desdits véhicules. Seydou Ouattara, l’un d’entre eux, accepte volontiers d’échanger avec nous. «La route Ouaga-Bobo n’est pas assez large, surtout de Boromo à Bobo-Dioulasso. Pourtant le trafic y est dense. En plus, il y a les nombreux ralentisseurs qui fatiguent les conducteurs. Quand la fatigue est considérable, le sommeil peut surprendre le chauffeur», explique le trentenaire.
Nous les quittons pour un autre lieu, la gare TSR au quartier Gounghin. Pendant que des cars sont en train d’arriver, d’autres par contre sont pleins de passagers prêts à quitter la gare. Sayouba Tapsoba vient d’arriver de Bobo-Dioulasso avec un car à moitié plein. Il évoque comme causes probables des accidents, l’étroitesse de la voie et la densité du trafic routier. «Souvent des usagers à mobylette se retrouvent au milieu de la voie. A ce moment, les conducteurs de véhicules qui se croisent sont en difficulté», fait savoir M. Tapsoba.
«Ce sont les ralentisseurs qui fatiguent le plus les chauffeurs. Nous le signalons à nos patrons en cas de fatigue pour nous reposer. Mais le plus souvent la fatigue survient pendant que nous sommes en circulation. A ce moment il faut prier Dieu et être prudent pour arriver à destination sans incident», ajoute un autre conducteur.
Ousmane Belem est un chauffeur de la même compagnie. Il est très fréquent sur la route nationale No 1. Il explique que le mauvais stationnement des camions en panne et l’inexpérience de certains conducteurs en cas de pluie sur la route sont sources d’accidents.
«Il existe des conducteurs qui laissent leur véhicule en panne sur la route sans signalisation. Par conséquent si c’est la nuit soit c’est un véhicule qui le percute soit c’est une moto. En plus il y a des nouveaux conducteurs qui ne savent pas qu’en cas de pluie il ne faut pas rouler à plus de 90km/h. C’est périlleux en voulant freiner lorsqu’on constate un ralentisseur puisque les pneus sont glissants», fait comprendre M. Belem.
A la gare STAF de Gounghin, nous trouvons des passagers alignés avant l’embarquement. Mahamadi Ouédraogo, plus connu sous le nom de ZZ, est le conducteur dudit car.
«Je suis un usager de l’axe Bobo-Ouaga depuis plusieurs années. La remarque est que les accidents sont fréquents sur la voie pendant la saison pluvieuse. Le problème principal, c’est la situation glissante de la voie après les pluies. Ainsi tous les chauffeurs doivent être prudents à ce moment en évitant d’aller à une vitesse de plus de 80km/h. Au-delà de cette vitesse, si tu freines, les pneus glissent. Une situation qui provoque très souvent des accidents mortels. J’invite donc tous les conducteurs à la prudence en évitant la course sur la voie en cas de pluie. Nous, les conducteurs de cars, nous avons plusieurs vies entre nos mains. Donc nous devons travailler à éviter les situations malheureuses», lance ZZ sous le regard des passagers.
Pour éviter les accidents sur la nationale No 1, ces conducteurs proposent comme solutions l’élargissement de la voie, la diminution du nombre de ralentisseurs, une réglementation pour interdire la circulation des cars et des camions au même moment. Quant à Ousmane Belem, il demande la présence d’une grue dans la ville de Boromo pour déplacer les véhicules en panne mal stationnés sur la voie.
Aly Tinto (Stagiaire)