jeudi 18 avril 2024

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Interview Bernard Bougouma

bougoumBBC, RFI, France24, Jeune Afrique, TV5 Monde et autres sont des médias étrangers qui jouissent d’un extraordinaire audimat en Afrique. Pour nombre de personnalités africaines et même pour le commun des citoyens, ce sont des canaux privilégiés pour s’informer ou se faire entendre. Bernard Bougouma est journaliste au groupe de presse Wat Fm et 3TV. Dans les lignes qui suivent, il nous parle de l’influence des médias susmentionnés sur les opinions africaines, les politiques et même les médias locaux.

RIB : Vous qui êtes journaliste, pouvez-vous nous parler de l’influence de la presse étrangère sur les opinions africaines et burkinabè en particulier ?

BB : L’influence de la presse internationale sur les opinions africaines est très grande en ce sens que certains et certaines se couchent et se réveillent avec leur poste radio connecté sur la fréquence d’un média étranger. Il n’est pas rare d’entendre des affirmations du genre : « C’est RFI ou la BBC même qui a dit ça ». L’autre niveau d’influence, c’est celui de la presse écrite étrangère sur les intellectuels. En effet, beaucoup d’entre eux lisent régulièrement des journaux comme Le Monde, Jeune Afrique ou encore Le Figaro ou sont abonnés à leurs sites Internet. De sorte que quand il y a un événement national, ils cherchent la confirmation des informations dans la presse étrangère. L’influence desdits médias est telle qu’on a l’impression que lorsqu’une information est traitée uniquement par la presse locale, certains considèrent qu’elle n’est pas assez crédible.

RIB : Qu’est-ce qui justifie, selon vous, une telle influence de ces médias ?

BB : C’est l’envergure de ces médias, car ils ont la capacité d’entrer facilement en contact avec des personnalités qui leur donnent la primeur de certaines informations. Vous savez qu’avoir un entretien avec une personnalité politique, c’est généralement difficile. Vous pouvez donc entendre un ministre se prononcer sur une crise sur un média international, crise dont un média national traite pourtant. Les gens vont donc sur les médias internationaux parce qu’ils ont la possibilité d’avoir des informations, des acteurs-clés et des protagonistes qu’un média national peine à avoir.

RIB : Souvent, il y a des informations sensibles qu’un président donne sur des médias extérieurs, au grand étonnement du Premier ministre qui les apprend au même titre que les autres lecteurs. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette confiance des autorités nationales en des  médias étrangers ?

BB : A ce niveau, il y a un aspect qu’il faut prendre en compte qui est que certains médias étrangers font en même temps de la communication pour des chefs d’Etat africains. Il y a une sorte de contrat tacite entre ces médias et des hommes politiques. C’est une sorte de partenariat dans lequel des présidents confient leur communication à la presse étrangère, à qui ils versent suffisamment d’argent pour qu’elle améliore leur image.

RIB : Ne trouvez-vous pas que pareil partenariat rend caduc le travail de la presse nationale ?

BB : Oui, mais il faut être prudent. C’est vrai que cela frustre les médias locaux. Quand à la moindre erreur de ces hommes politiques ils ne sont pas tendres avec eux parce qu’ils estiment qu’ils ne sont pas considérés, ils sont brimés. Mais en même temps aujourd’hui, il y a une nette amélioration. Vous savez, certains aînés journalistes n’ont pas été non plus prudents dans la manipulation et le traitement de certaines informations reçues. On a même entendu des journalistes d’ici affirmer sur des plateaux de télévision ou les antennes d’une radio qu’ils ont parlé à tel ou tel ministre qui leur a dit ceci ou cela. Ce faisant, ils révèlent l’identité de leur source sans la moindre gêne. Il y a donc une sorte de méfiance de certaines personnalités vis-à-vis des médias nationaux. Mais il faut reconnaître que les choses se sont  améliorées car de plus en plus, la presse burkinabè traite des informations politiques où souvent elle bat même la presse étrangère. Et des personnalités politiques font confiance à notre presse. Je fais partie de ceux à qui des personnalités ont par exemple parfois donné des informations sûres que nous avons publiées et ainsi pris le pas sur la presse étrangère.

RIB : D’aucuns estiment que ce sont plutôt les journalistes burkinabè qui ne bousculent pas suffisamment les autorités pour avoir les informations voulues. Certains estiment qu’ils sont même complexés. Que répondez-vous à cela ?

BB : C’est vrai, il y a un peu de complexe car souvent quand les journalistes locaux voient leurs collègues des médias étrangers à une conférence, ils se mettent derrière ces derniers et ne posent plus de questions, attendant que ces journalistes des médias internationaux le fassent pour qu’ils profitent recueillir les réponses. Mais en même temps, il faut avoir la franchise de reconnaître que la presse étrangère met suffisamment de moyens à la disposition de ses journalistes pour que ceux-ci entretiennent des liens avec des personnalités. Ce qui n’est pas le cas des journalistes locaux que nous sommes.

Entretien réalisé par Pema Neya (Stagiaire)

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