633 militaires et 136 fonctionnaires de police qui avaient été radiés suite aux mutineries de 2011 pourront bientôt réintégrer l’Administration. Il s’agit là d’une décision du Conseil des ministres du 3 juillet 2019 prise sur recommandation du Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) et qui entre dans le cadre de la réconciliation des fils de la nation, selon le président du Faso. Radars Info Burkina a voulu savoir l’avis des citoyens sur la question.
« Dès mon accession à la magistrature suprême de notre pays, j’ai mis la réconciliation nationale au centre de mes actions. Il est primordial de réparer les torts, de calmer les douleurs et de résoudre les incompréhensions pour qu’ensemble, les Burkinabè se pardonnent et se donnent la main pour construire une Nation forte. » Tels sont les mots du président Roch Kaboré pour expliquer ou justifier la réinsertion des soldats et policiers radiés.
Une décision qui fait pousser un ouf de soulagement à ces ex-soldats et fonctionnaires de police, qui n’ont cessé de plaider pour une leur réintégration dans la fonction publique ou pour un accompagnement de l’Etat dans le financement de leurs projets d’autonomisation. «Nous sommes en partie soulagés. C’est une proposition que le HCRUN nous avait faite. Les radiés qui n’ont pas été poursuivis et reconnus coupables pourront intégrer les ministères civils et ceux qui ont été condamnés vont bénéficier du soutien de l’Etat pour la réalisation de leur projet de réinsertion sociale », a déclaré Hervé Tapsoba, porte-parole des soldats radiés suite à la mutinerie de 2011.
Les soldats radiés ne sont pas les seuls à saluer cette décision, la population qui suit également l’évolution de ce dossier depuis 2011 s’est prononcée sur la question. « Nous pensons que c’est une sage décision du président parce qu’avec le contexte sécuritaire où nous sommes attaqués de partout et d’autres disent que ce sont des djihadistes, des terroristes et certains accusent parfois des ex-soldats à tort ou à raison d’en faire partie. Alors, les réintégrer est une bonne décision pour la sécurité et la réconciliation », pense pour sa part Hassan Bationo.
« 8 ans, c’est quand même beaucoup ; ils ont des familles à prendre en charge. Je pense que ça suffit comme sanction. Néanmoins, il faut que les victimes des événements de 2011 aussi soient disposées à pardonner. Notre pays souffre à tel point que si on ne se pardonne pas, on ne va pas s’en sortir. J’ai entendu dire que beaucoup d’entre eux n’étaient pas là le jour de la mutinerie, qu’aucune enquête n’a prouvé leur culpabilité dans ce qu’on leur reproche. Rien ne dit qu’ils sont les véritables coupables. Je pense que bon nombre d’entre eux sont des victimes au même titre que les civils en 2011 », renchérit un autre de nos interlocuteurs ayant requis l’anonymat.
Si cette décision est saluée par les ex-soldats et une partie de la population, elle ne plaît toutefois pas forcément à certaines personnes qui estiment que c’est une entorse à la justice et la porte ouverte à l’impunité. Alain Zongo est de ces gens-là et il martèle : « Moi, je trouve cette décision regrettable car en 2011, ils ont posé des actes graves dignes de bandits contre la population qu’ils étaient censés protéger. L’armé, c’est la discipline. »
« Quand je pense aux personnes qui ont été brutalisées, aux magasins et boutiques qui ont été vandalisés et pillés, j’ai encore mal. Même les sœurs religieuses n’ont pas été épargnées. Franchement, il faut que le président Roch Kaboré fasse souvent montre de fermeté», affirme une citoyenne.
En attendant la procédure pour la réintégration de ces ex-militaires radiés, nous devons garder présent à l’esprit que la cohésion sociale est un pilier du développement d’un pays et que toutes décisions ou actions qui la renforcent méritent d’être encouragées.
Pema Neya (Stagiaire)