Le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation a adopté deux arrêtés portant régime général des études des diplômes de licence et de master dans les institutions publiques et privées d’enseignement supérieur et de recherche. Ce sont ces deux textes juridiques qui doivent désormais encadrer la validation des semestres de la licence et du master. Mais certains syndicats estudiantins les rejettent et exigent purement et simplement leur relecture en leur présence.
Ces deux arrêtés signés par le ministre burkinabè de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation le 2 février dernier définissent les conditions de validation des semestres de la licence et du master. Cependant, leur application pose problème d’autant plus que des syndicats d’étudiants les rejettent dans une déclaration adressée à la presse et signée respectivement par le Bureau exécutif national de la Fédération estudiantine et scolaire pour l’intégrité au Burkina Faso (FESCIBF), le Bureau exécutif national de la Fédération nationale des élèves et étudiants burkinabè (FNEEB), le Comité exécutif de l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB), les Comités exécutifs de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB) Ouaga, de l’ANEB Bobo, de l’ANEB Koudougou, de l’ANEB Ouahigouya, de l’ANEB Fada ainsi que les comités d’initiative de Dori et Tenkodogo. Ces derniers affirment qu’ils n’ont pas été associés à son adoption et que son contenu est « anti-étudiants».
« Les arrêtés en question ont été pris et imposés de façon unilatérale sans concertation préalable avec les organisations démocratiques des étudiants ou les représentants élus d’étudiants siégeant dans les instances », peut-on lire dans la déclaration des syndicats d’étudiants qui en sont signataires. Dans le même document, les mécontents relèvent que ces deux arrêtés ministériels les désavantagent. « Le contenu de ces arrêtés est foncièrement anti-étudiant et n’a pour but que de durcir les conditions d’études déjà difficiles. A titre illustratif, on note le durcissement des critères de passage, avec une exigence de valider la totalité des 2 semestres pour les filières générales, et l’exigence de 12 de moyenne pour les filières dites professionnelles ; des conditions d’évaluation, avec la suppression des deux sessions de rattrapage pour une session unique de rattrapage et l’obligation d’assiduité aux Travaux dirigés (TD) et Travaux pratiques ( TP) le cas échéant, sous peine de ne pas participer aux examens, ainsi que l’impossibilité de conserver la meilleure note à l’issue de la session de rattrapage. Les deux arrêtés sonnent comme une réponse aux critiques formulées par les étudiants, notamment sur la disparité dans l’application du système licence, master, doctorat (LMD) d’une université à une autre, d’une UFR à une autre et d’un département à un autre», argumentent-ils.
Pour le ministère de tutelle, en revanche, ces arrêtés sont plus qu’une avancée, car apportant des innovations et présentant des avantages qui allègent le processus de validation des semestres en permettant une compensation intrasession, donnant ainsi à l’étudiant la possibilité de compenser une note dans une filière où il n’a pas la moyenne par une matière où il a une forte moyenne. Autre avantage pour les étudiants que le ministère met en avant, lesdits arrêtés permettent désormais aux apprenants du supérieur de changer d’université à travers le pays s’ils le désirent et cela, sans difficulté. Chose qui était impossible par le passé. Pour le ministère concerné, les arrêtés querellés comportent des avantages pour les étudiants et ceux-ci gagneraient à en prendre connaissance.
Le ministère reconnaît toutefois qu’il y a eu un problème de communication, un déficit qu’il essaie de corriger à travers des séances d’échanges avec les syndicats et délégués d’étudiants. Néanmoins, il fait remarquer que la politique d’orientation et d’organisation du système éducatif relève de ses prérogatives.
Mais les syndicats d’étudiants, en dépit de ces rencontres, maintiennent leur position et réclament la relecture desdits arrêtés, une relecture à laquelle ils exigent qu’on associe les syndicats d’étudiants.
Nul n’ignore la place capitale du système éducatif dans le développement d’un pays. Or, le système éducatif burkinabè souffre de plusieurs maux qui le handicapent. Leur résolution passe par une volonté des différents acteurs politiques, des enseignants mais aussi des apprenants pour le décollage du pays, qui compte sur ces réservoirs de compétence.
Pema Neya (Stagiaire)