jeudi 21 novembre 2024

Rapport 2017-2018 de Amnesty International : le Burkina Faso encore épinglé

présidiumA l’instar des autres années, Amnesty International a sacrifié cette année encore à la tradition, en faisant l’état des lieux de la situation des droits de l’homme dans le monde. Ce rapport qui couvre la période de 2017 révèle de nombreuses atteintes  aux droits de l’homme dans le monde, en Afrique et au Burkina Faso.

« Personne dans le monde ne peut considérer un seul de ses droits fondamentaux comme acquis. Ainsi, nous ne pouvons certainement pas tenir pour acquise notre liberté de nous rassembler pour protester ou celle de critiquer nos dirigeants, pas plus que la jouissance d’une sécurité sociale pour nos vieux jours ou en cas de handicap, la garantie de voir nos enfants grandir dans des villes dont l’air est propre et respirable, ou la possibilité, une fois nos études terminées, de trouver un emploi nous permettant d’obtenir un logement », a noté Amnesty International dans son rapport 2017-2018, rendu public ce jeudi 22 février 2018 à Ouagadougou. Selon, Yves Boukari TRAORE, directeur d’Amnesty International Burkina, cette situation est d’autant plus déplorable, car 2018 est l’année du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Les enquêtes de cette structure de défense des droits de l’homme considèrent que 2017 a été une année difficile pour bon nombre de personnes dans le monde. En effet, des millions d’hommes et de femmes à travers la planète ont pu goûter aux fruits amers des politiques. La campagne militaire de nettoyage ethnique des Rohingyas du Myanmar, causant l’exode de quelques six cent cinquante cinq mille (655 000) personnes vers le Bengladesh vient conforter Amnesty International dans sa position.

De l’Europe en Afrique en passant par l’Asie, le rapport note que la soif de justice et d’égalité ont poussé des milliers de personnes dans les rues. Malheureusement beaucoup d’entre elles ont payé le prix fort. Il s’agit entre autre de la Pologne, de la Turquie, de la Russie, de l’Inde, du Zimbabwe, de la République démocratique du Congo (RDC), de la Sierra Léone, de l’Ouganda, de l’Egypte et du Togo. En Afrique particulièrement, une chasse aux sorcières était faite aux opposants politiques, aux défenseurs des droits de l’homme et aux organisations de la société civile. Ainsi, «  dans plus de vingt (20) pays, des personnes ont été privées du droit de manifester pacifiquement, et ce, par différents moyens : interdictions illégales, recours à une force excessive, harcèlement ou encore arrestations arbitraires », peut-on lire dans le rapport. En outre, « cette année encore, les atteintes aux droits humains, y compris les crimes de droit international, commises dans le contexte de conflits sont demeurées impunies », déplore Yves Boukari TRAORE et ses camarades.

2 personnes

Aussi, dans au moins trente (30) pays, la liberté des médias a été bafouée ou restreinte. Des journalistes, dans l’exercice de leur travail, ont fait l’objet de poursuites judiciaires comme ce fut le cas en Angola, en Ouganda, au Botswana, au Cameroun, en Ethiopie et au Togo.

Des cas d’atteinte aux droits humains, il y en a également eu au Burkina Faso. En effet, « des informations ont fait état de tortures et d’autres mauvais traitements en détention, et les conditions carcérales demeuraient déplorables. Les taux de mortalité maternelle et de mariages précoces et forcés restaient élevés. Des groupes armés ont aussi commis des atteintes aux droits humains », a noté Christian OUEDRAOGO, coordonnateur campagnes et actions d’Amnesty International Burkina. Ainsi, les enquêtes d’Amnesty International ont révélé que des détenus subissent des tortures à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO), notamment au cours de leur arrestation ou de leur garde à vue. Des détentions arbitraires sans inculpation pendant des semaines sont aussi mentionnées dans ce rapport, qui tire de facto la sonnette d’alarme, afin qu’en 2018, les atteintes au droits humains connaissent une réelle diminution dans le monde et plus particulièrement au Burkina Faso. Le surpeuplement carcéral est aussi une réalité des prisons burkinabè. « Par exemple, en 2017, mille neuf cents (1900) étaient incarcérés à la MACO, pour une capacité de seulement six cents (600) détenus », mentionnent les enquêteurs.

la femmeEgalement, l’impunité et les exactions perpétrées par les « milices d’autodéfense » Koglweogo, se disputent la vedette au pays des hommes intègres. Aussi, pour l’institution de Yves Boukari TRAORE, les droits des femmes sont quelques fois bafoués au Burkina Faso. « Au moins cents (100) décès maternels ont été recensés au cours des six (6) premiers mois de l’année dans l’un des deux principaux hôpitaux publics de Ouagadougou », révèle ce rapport. En plus de cela, il y est noté qu’ « aucun effort n’a été réalisé pour concrétiser l’engagement pris par le gouvernement en 2016 pour relever l’âge légal du mariage des filles ». Pour preuve, « dans le Sahel, plus de 50% des adolescentes âgées de 15 à 17 ans étaient déjà mariées », déplore Christian OUEDRAOGO.

Le rapport signale tout de même qu’au Burkina Faso, la protection des droits humains se renforceraient si le projet de la nouvelle constitution se mettait en œuvre, car il contiendrait des dispositions en la matière.

Toutefois, malgré le fait qu’en 2017, les atteintes aux droits de l’homme fassent toujours parties du quotidien des populations à travers le monde, notamment en Afrique, l’année 2017, a tout de même été selon Amnesty International, une année porteuse d’espoir. Cet espoir est né avec les milliers de personnes qui ont battu le pavé pour défendre les droits humains, la justice, et la dignité, et ce, souvent au péril de leur vie et de leur liberté. Pour Yves Boukari TRAORE et ses camarades, ce vent de liberté qui est né dans le cœur de bon nombre de personnes, doit continuer à souffler et à grandir afin qu’un jour, les atteintes des droits humains connaissent véritablement une régression.

 

Candys Solange PILABRE

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