dimanche 24 novembre 2024

Adoption de la loi n°025-2018 : régulation ou restriction de liberté ?

mutatLe 21 juin dernier, l’Assemblée nationale, lors d’une session extraordinaire, procédait à l’adoption d’une loi modifiant le Code pénal no 025-2018/AN du 31 mai 2018. Elle vise à contrôler la diffusion de toute information liée aux attaques terroristes pouvant porter préjudice à l’élan des forces de défense et de sécurité engagées au front contre le terrorisme au Burkina Faso.  Toute publication d’information sur tous les supports (télé, radio, journal et Internet) est punie par les articles 312.14 et 312-15. Cependant, l’adoption de cette loi ne fait pas l’unanimité au sein de l’opinion publique burkinabè. Pour les uns, c’est une bonne mesure de régulation de la communication, vu le contexte sécuritaire de notre pays ; pour les autres, c’est une mesure de restriction des libertés, donc un recul démocratique.

Un coup de massue porté à la presse burkinabè : c’est ainsi qu’est appréciée l’adoption du Code pénal no 025-2018/AN du 31 mai 2018 par l’opposition politique burkinabè. Selon elle, cette loi ne vise qu’à museler la presse et est dirigée spécifiquement contre les médias nationaux, tandis qu’elle ouvre un boulevard à la presse internationale qui risque d’avoir le monopole de l’information nationale.

Pour Noufou Zougmoré, journaliste au bimensuel Mutations, les avis sur cette loi sont mitigés. Car pour lui, dans un premier temps, elle vise à réguler la communication et à recadrer certaines publications qui ne sont pas du tout professionnellement acceptables en ces temps précis. Il estime que « la manière dont le journaliste doit traiter les questions de sécurité en Afrique doit être différente qu’en Occident ». Du même coup, il exprime son inquiétude quant au maintien de ces textes dans le but du musellement de la presse. En clair, il apprécie positivement la mesure si elle vise à régler de manière ponctuelle cette situation.

Selon le Pr Albert Ouédraogo, « à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ». Il estime que cette loi est la bienvenue, même si elle l’est assez tardivement. Car, estime-t-il, dans la lutte contre l’insécurité, toute solution permettant d’engranger des résultats visant à ramener la paix est louable.

En tout état de cause, les articles 312.14 et 312-15 prévoient des peines de prison pour quiconque communique des informations relatives aux déplacements ou aux armes des forces de défense et de sécurité de nature à porter atteinte à l’ordre public ou toute information de nature à compromettre le déroulement d’une opération des forces armées.

A notre humble avis, s’il faut punir les auteurs de ces publications, des mesures doivent être prises également pour éviter que les forces de défense et de sécurité aient sur elles des téléphones androïdes au front.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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