Aux postes de péage du Burkina Faso, il n’y a pas que les péagistes qui encaissent de l’argent. Les populations riveraines prennent aussi d’assaut ces lieux dès le matin pour exercer des activités commerciales. Ainsi, on y trouve aussi bien des enfants que des adultes qui proposent leurs produits aux passagers des compagnies de transport et à certains automobilistes. Nous sommes allé à la rencontre des vendeurs ambulants et autres commerçants au poste de péage situé à Yimdi, sur la route nationale 1, à la sortie de Ouagadougou, pour savoir les différentes activités exercées, leurs retombées ainsi que les risques y liés.
Non seulement les postes de péage sur les routes nationales contribuent à renflouer les caisses de l’Etat, mais aussi les populations riveraines en tirent profit grâce aux activités génératrices de revenus qu’elles y mènent. Nombreux sont en effet les personnes (tout âge et tout sexe confondus) qui prennent d’assaut ces lieux à la recherche de leur pain quotidien. Au poste de péage de Yimdi, par exemple, les vendeurs ambulants proposent à la clientèle, constituée principalement de passagers des compagnies de transport et d’automobilistes qui stationnent pour leur ticket de péage, des pommes, de l’eau de boisson en bouteille et en sachet, des jus, des gâteaux, des noisettes aux .
Mimi Sawadogo, une jeune fille arrêtée au bord de la voie, tient dans la main des sachets de gâteau, des pommes et de la banane qu’elle propose aux passants. « Je peux gagner 5000 F CFA par jour ; le week-end, je peux obtenir 15 000 francs, car les automobilistes passent en grand nombre », affirme-t-elle.
Quant à Kaliza Ouédraogo, elle vend uniquement des pommes aux passants. Elle dit acheter le carton de pommes à 22500 F CFA et en tirer, après vente, un bénéfice de 5000 francs CFA. Sidbéwendé Kabré est sur les lieux depuis plus de 10 ans. Il a une boutique bien garnie de jus et d’eau de boisson. Selon lui, les affaires ne sont plus prospères comme auparavant. Il affirme faire actuellement entre 15 000 et 20 000 F de recette journalière.
Ousseni Simporé, jeune garçon, a comme activité au poste de péage de Yimdi la vente de journaux et de bouquins. «Je vends des livres de développement personnel, des romans africains ainsi que des journaux. Les prix varient entre 1000, 5000 et 10 000 F CFA. Les jours ordinaires, je ne vends que 3 à 4 documents ; par contre le week-end, je peux en vendre environ 30 car le trafic est plus dense», confie-t-il.
Mais se procurer des revenus sur la voie n’est pas sans risques ni mésaventures. Le temps de prendre le ticket de péage ne dure pas. Par conséquent, il se trouve que parfois le chauffeur démarre alors que certains marchands n’ont pas reçu leur argent des clients. «Nous perdons souvent ici. Un client peut acheter des pommes à 1000 francs CFA, tu lui donnes les fruits et il te tend un billet de 5000 F. Pendant que tu es en train de lui chercher la monnaie, le car commence à bouger. Tu lui remets ses 5000 francs mais lui, il garde ton produit par-devers lui», explique Mimi Sawadogo. Et chacun des vendeurs ambulants avec qui nous nous sommes entretenu affirme avoir, au moins une fois, été victime de ce genre de voyageurs malintentionnés. Mademoiselle Sawadogo ajoute qu'il arrive aussi que des passagers abusent d’eux en achetant leurs marchandises avec de faux billets, généralement une coupure de 10 000 francs. C’est ainsi que Sidbéwendé Kabré préfère vendre ses jus et eau uniquement aux automobilistes puisque ces derniers sont dans des véhicules personnels et ont le temps de bien stationner pour s’acheter quelque chose. Autre risque, il est à noter que certains vendeurs imprudents sont souvent percutés par des motocyclistes, des accidents qui leur occasionnent des blessures légères. M. Yaméogo est en route pour Koudougou à bord de sa voiture. A peine a-t-il stationné pour s’acheter une bouteille d’eau qu’il est assailli par des marchands ambulants qui lui proposent toute sorte de marchandises. « A ces jeunes filles et garçons cette activité commerciale permet d’avoir de quoi subvenir à leurs besoins, d’éviter de faire du vagabondage et de poser des actes antisociaux. Grâce à cela, ils arrivent à soutenir leurs parents. Mais le problème est que beaucoup de ces filles ou garçons ont abandonné l’école très tôt pour cette activité, sans compter que d’autres n’ont même pas l’âge d’être sur la voie pour mener une activité commerciale», souligne M. Yaméogo.
Ce genre d’activité menée aux péages procure, certes, des revenus aux populations riveraines, mais il serait mieux pour ceux qui les exercent d’être très regardants sur leur hygiène corporelle ainsi que sur celle de leurs produits pour éviter aux consommateurs des risques sanitaires.
Aly Tinto (Stagiaire)