dimanche 24 novembre 2024

Titre foncier dans les zones semi-urbaines au Burkina Faso : Quel impact sur l’habitat et l’agriculture de subsistance ?

foncier uneLa question de l'habitation se pose avec acuité dans la ville de Ouagadougou du centre-ville aux zones périphériques, si bien qu’elle s’est beaucoup étendue aux communes environnantes. Cependant, il se trouve que plusieurs hectares sont vendus à des propriétaires terriens aux différentes sorties de la ville dont l’usage n’est pas pour l’habitation. Cette situation, si l’on n’y prend garde, dans un futur proche, menacera le droit au logement décent et la survie des plus démunis. A quel saint devront-ils se vouer ?

« Je vous présente ce document, il est venu du cadastre ; ils m’ont demandé de le signer, c’est une attribution de plusieurs hectares à un monsieur dans ma commune, sans mon autorisation et l’on me demande juste de signer, moi qui suis le maire », c’est ce qu’a déclaré un maire d’une commune semi-urbaine non loin de la ville de Ouagadougou. Pour celui-ci, cette situation la quasi-totalité des maires des communes environnantes de la ville de Ouagadougou la vit, et elle est malheureusement l’héritage qu’ils sont venus trouver.  Selon monsieur le maire, la politique d’attribution des parcelles devrait privilégier l’habitat avant toute autre chose. Mais il constate que malheureusement, cette vision n’est pas la mieux partagée chez les acteurs agissant dans le domaine terrien. Pour lui, ce qui importe au service des impôts c’est renflouer les caisses de l’Etat sans en mesurer l’impact sur l’avenir. Ce qui compromet sérieusement l’avenir de la nouvelle génération en matière d’agriculture de subsistance et de droit à des logements décents. Et comme le dit un adage français, « Qui terre a, guerre a ». Il en dit long sur ce qui pourrait se passer dans un futur très proche dans la capitale burkinabè et les communes proches d’elle.

foncier 2Quand l’on prend la nationale numéro 1 allant vers Bobo Dioulasso, du côté gauche et celui droit, ce sont de grands terrains clôturés que l’on voit, appartenant les uns à des sociétés, les autres à des individus. A partir de Zagtouli en passant par Gnimdi jusqu’à Tanghin Dassouri, une bonne partie des terrains ont été attribués à des propriétaires terriens. Sur l’axe allant à Pô à Koubri, et Kombissiri le même constat se fait.

Cette situation, à notre avis mérite réflexion, car il y a l’avenir de l’agriculture de subsistance que pratiquent plus de 80% de burkinabè qui est menacé. Car dans les périphéries de la ville telles Wapassi, Sondogo, Zagtouli et autres, les champs ont disparu à cause de cette vente progressive de terrains. Ce qui est vraiment déplorable, c’est quand les autorités municipales desdites localités disent n’être pas au courant de l’attribution de ces terrains à qui que ce soit et précisent qu’il arrive que le cadastre leur fasse parvenir un document pour qu’ils apposent une signature pour légaliser cette attribution.

Nous estimons qu’une politique rigoureuse de gestion de ces terrains pourrait éviter que le pays tombe dans une crise relative à la terre comme en ont connu d’autres pays où il n’y avait plus de lopin de terre pour l’agriculture de subsistance, où également les plus démunis étaient obligés de vivre dans des banlieues. Même si cela a été fait à une période de pillage, l’Etat doit avoir le courage de mener des enquêtes approfondies afin de situer toutes les responsabilités.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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