Le parc animalier, qui a vu le jour en 1994 à Ziniaré, chef-lieu de la région du Plateau central et fief de l’ex-président Compaoré, s’illustrait autrefois par la diversité des espèces animales venues d’Afrique et même d’Asie qui attiraient les touristes. Mais depuis l’exil de l’ancien chef de l’Etat en 2014 sur les bords de la lagune Ebrié, plusieurs espèces se sont éteintes et d’autres sont en voie d’extinction. Radars Info Burkina s’est rendu sur les lieux pour un constat.
En 2017, certains de nos confrères attiraient l’attention des décideurs publics ainsi que celle de l’opinion sur l’urgence qu’il y avait à sauver les « occupants » de cette aire zoologique dont la gestion et l’entretien étaient pratiquement à l’abandon depuis le départ de l’ex-président Compaoré. Deux ans après, le constat dans ce parc est alarmant. En effet, plusieurs espèces rares en ont disparu, notamment le tigre venu d’Asie, les girafes, les zèbres et les buffles venus d’Afrique centrale et d’Afrique du Sud. On nous a signalé également la récente morte du dernier éléphant du parc ainsi que des cobalts et singes. En ce qui concerne les hippopotames venus du Niger, il n’en reste que deux.
S’agissant des espèces survivantes, le parc ne compte plus que quelques carnivores et charognards (des lionnes et une hyène) faméliques. Notre guide a d’ailleurs confirmé la détresse de ces animaux sauvages en ces termes : « Avant, on tuait chaque jour un âne pour les animaux carnivores mais depuis le départ de Blaise Compaoré, c’est un âne qui est tué tous les deux jours, ce qui est insuffisant pour maintenir les animaux, surtout les lionnes, en bonne santé ».
A la question de savoir pourquoi les animaux du parc disparaissent, notre source nous explique qu’il n’existe pas de mâles pour assurer l’accouplement avec les femelles et que les nouvelles autorités installées depuis le départ de Blaise Compaoré considèrent le parc comme une propriété privée de l’ex-président. Pourtant pour le visiter, il faut d’abord faire une demande à la mairie facturée à 1000 FCFA et payer un ticket d’accès qui coûte 500 FCFA par personne.
Il faut noter que cette disparition des animaux a un impact sur l’économie du parc car selon le guide, « avant on pouvait compter par jour 100 à 200 visiteurs venus des quatre coins du pays et même hors de nos frontières, mais aujourd’hui nous attendons les week-ends pour espérer avoir 30 personnes ou les sorties touristiques d’élèves qui eux-mêmes commencent à être déçus du parc ».
Dans la ville de Ziniaré, les citoyens se prononcent rarement sur le cas du parc animalier, mais nous avons pu arracher quelques mots à certains d’entre eux. « Nous implorons le président Kaboré d’avoir pitié du parc et de ne pas laisser mourir les animaux», plaide M. Ouédraogo.
Mme Sawadogo, propriétaire d’un restaurant, lance, indignée : « Ce ne sont pas les animaux qu’ils veulent tuer mais la population, parce que ce parc faisait vivre beaucoup de commerçants et de familles. Grâce à lui, on arrivait à scolariser nos enfants, à les soigner et à prendre en charge nos familles. Voyez vous-même le nombre de restaurants qui ont dû mettre la clé sous le paillasson ! Avant, on pouvait faire des recettes de 30 000 francs CFA par jour, ce qui est loin d’être le cas de nos jours. »
De l’avis d’Ali Zongo, « tout le monde parle de la protection de la forêt de Kua, mais personne ne parle de la mort programmée des animaux à Ziniaré, aussi bien l’opposition que le parti au pouvoir ».
« Avant en Afrique, en termes de parc animalier, il n’y avait que deux pays qui étaient en avance sur le Burkina Faso mais aujourd’hui nous assistons impuissants à une disparation accélérée de nos animaux, dont les plus rares », se lamente le guide.
Excepté quelques espèces carnivores squelettiques et des oiseaux comme les autruches qui tiennent encore, le parc animalier de Ziniaré est en train de se vider de sa substance animalière et il est plus qu’urgent que quelque chose soit fait pour le sauver.
Pema Neya (Stagiaire)