dimanche 24 novembre 2024

Allaitement maternel exclusif : un chemin de croix pour les mères actives

allaitemaL’allaitement maternel consiste à nourrir le bébé avec le lait de sa mère. Le lait maternel est le premier aliment naturel dont les nourrissons ont besoin, car il fournit l’énergie et les nutriments nécessaires durant les 6 premiers mois de vie. Il continue de couvrir la moitié des besoins nutritionnels de l’enfant pendant le second semestre de vie, et jusqu’à un tiers de ceux-ci pendant la deuxième année. Des bienfaits, l’allaitement maternel en a aussi bien pour la mère que pour l’enfant. Seulement, sa pratique par les mères actives n’est pas souvent tâche aisée au regard de nombreux facteurs.

L’allaitement maternel exclusif a de nombreux bienfaits pour la santé de la mère et du nourrisson. Il suppose que le nourrisson n’absorbe que du lait maternel. Il ne reçoit aucun autre aliment liquide ou solide, pas même de l’eau, à l’exception des solutions de réhydratation orale, ou des gouttes/sirops de vitamines, minéraux ou médicaments. L’organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande d’allaiter exclusivement au sein les nourrissons pendant les six premiers mois pour une croissance, un développement et un état de santé optimaux. En effet, le lait maternel contient tous les nutriments dont un nourrisson a besoin pendant les six premiers mois. Il limite la mortalité infantile attribuable aux maladies courantes de l’enfance comme les diarrhées ou la pneumonie, accélère la récupération en cas de maladie et peut avoir aussi des bienfaits à plus long terme pour la mère et l’enfant. Ainsi, il réduit le risque de surpoids et d’obésité pendant l’enfance et l’adolescence. De plus, le lait maternel favorise le développement sensoriel et cognitif et protège le nourrisson contre les maladies infectieuses et chroniques. En ce qui concerne la santé de la mère, l’allaitement maternel aide à espacer les naissances et réduit le risque de cancer de l’ovaire ou du sein.

Les bienfaits de l’allaitement maternel sont indéniables et connus des mères. Seulement, c’est sa pratique quotidienne qui pose problème aux mères actives. L’article 65 de la loi 081-2015/CNT du 24 novembre 2015 portant statut général de la Fonction publique d’Etat dispose : « Pendant une période de quinze mois à compter de la naissance de l’enfant, la mère a droit à des repos pour allaitement. La durée totale de ces repos est d’une heure et demie par jour ». Tatiana Bélemtougri, agent de la Fonction publique burkinabè, s’organise comme elle peut pour s’assurer que son nourrisson ne prenne que le lait maternel durant les six premiers mois de sa vie. « Avant de partir pour le boulot, je fais téter mon bébé et je tire également le lait que je garde dans un biberon. Il le boit quand il a faim, le temps que je rentre vers 12h à mes heures de tétée pour l’allaiter et repartir. Au début il refusait le lait tiré car il n’aimait pas trop le biberon mais avec le temps il a fini par s'y faire ».

Pour Aline Zouré, agent dans une entreprise privée, les choses sont un peu plus compliquées. « C’est vrai que la loi prévoit qu’on puisse aller allaiter nos enfants et revenir mais certains aspects ne nous facilitent pas les choses. Je loge à Kamboisin et mon lieu de service se trouve aux 1200 logements. Même si je le veux, je ne peux pas en une heure aller jusqu’à Kamboisin allaiter mon bébé et revenir. Ce serait très fatigant et c’est sûr que cela va empiéter sur mon temps de travail et à la longue être source de conflits avec mon employeur. Je suis donc obligée de pratiquer l’allaitement mixte», déplore-t-elle.

Même si les employeurs n’ignorent pas la loi qui encadre les heures d’allaitement, certains ne sont pas disposés à les respecter, menaçant souvent de licenciement leurs employées qui décident de jouir de ce droit. « Quand j’ai repris le boulot après mon accouchement, je prenais au début mes heures pour aller rapidement allaiter mon enfant à la crèche. Au bout d’un certain temps, j’ai remarqué que l’attitude de mon patron avait changé envers moi. Il a fini par me dire que ça le dérangeait que j’abandonne chaque fois le boulot pour aller allaiter mon enfant. Et qu’il fallait que je m’organise pour assurer la continuité du service, sinon il pourrait se séparer de moi. Comme j’avais besoin de ce travail, je n’ai eu d’autre choix que de recourir au lait artificiel, au moins quand je suis au boulot », nous confie une jeune mère.

L’importance de l’allaitement maternel pour la santé de l’enfant n’étant plus à démontrer, il convient que des mesures d’accompagnement soient prises comme l’aménagement de salles pour allaitement ou la mise sur pied de crèches au sein des administrations, pour encourager les mères actives dans ce geste salvateur pour les nourrissons.

Armelle Ouédraogo

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