A l’occasion de la Journée internationale des Casques bleus le 29 mai 2019, Radars Info Burkina est allé à la rencontre du colonel major Hamidou Zongo, Directeur central des opérations de soutien à la paix (DCOSP), pour savoir les critères, l’effectif ainsi que les retombées de la contribution du Burkina Faso aux contingents de l’ONU dans les missions de maintien de la paix dans le monde. A ce jour, 1980 soldats burkinabè, dont 74 femmes, sont sous les drapeaux aux Nations unies et 56 sont morts depuis les années 90.
La première participation burkinabè aux contingents de l’ONU pour le maintien de la paix remonte aux années 95-97 en Centrafrique. Selon le colonel Zongo, il y a deux formes de contribution des soldats aux missions des Nations unies. D'une part il y a la participation individuelle, où l’individu signe un contrat avec les Nations unies, et d’autre part il y a celle collective ; dans le second cas de figure, le contrat est signé entre le pays contributeur et les Nations unies. La participation collective se manifeste par l’envoi de bataillons. La plus grande contribution burkinabè en bataillons s’est opérée au Soudan au sein de la Mission conjointe des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (MINUAD) avec 8 bataillons « Laafi ». Le Burkina Faso est actuellement au Mali avec un septième contingent, « Badenya », au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). « On estime, avec les contingents de participation collective, à environ 1980 le nombre de soldats, dont 74 filles, sous mandat de l’ONU », a confié le colonel major. Selon lui, le Burkina Faso est premier dans la sous-région en matière d’effectif féminin au sein des contingents onusiens. Et depuis les années 90, 56 soldats sont morts sous les drapeaux de l’ONU, la plupart en Haïti suite à un tremblement de terre.
En ce qui concerne la désignation des soldats, elle obéit à des critères nationaux et internationaux applicables à tout soldat. Pour le déploiement collectif, il y a des critères d’éligibilité comme le respect des droits humains et l’enquête de moralité sur les individus. Pour le colonel major Zongo, « le Burkina Faso dispose de troupes professionnelles. Ainsi, aucun de ses soldats n’a été rapatrié jusqu’à présent ». Au niveau national, la désignation du soldat se fait selon au moins seize critères (expérience, physique…), ensuite celui-ci doit satisfaire les conditions de formation de pré-déploiement, et enfin le mot final revient à une mission des Nations unies.
Une fois sur le terrain, la protection des civils est la priorité absolue des soldats, ensuite il y a la mission de protection des camps, et la troisième mission est l’escorte des missions (autorités et diplomates). « Toutes ces missions essentielles ont pour objectif final le retour de l’autorité de l’Etat », a-t-il indiqué.
La contribution burkinabè aux contingents de l’ONU n’est pas sans retombées pour le pays. « Il y a d’abord le rayonnement diplomatique. En envoyant des troupes, cela participe à la diplomatie internationale du Burkina Faso. Par exemple le régime précédent était sollicité dans les médiations de crises dans la sous-région. Le général Djibril Bassolé fut le médiateur conjoint Union africaine/Nations unies (UA/ONU) pour le Darfour (Soudan). En outre sur le plan militaire, le soldat acquiert de l’expérience et gagne des indemnités payées par les Nations unies. Enfin, ces participations apportent des devises au pays », a expliqué l'officier supérieur.
En rappel, depuis 1948, dans le monde c’est plus d’un million d’hommes et de femmes qui ont servi comme Casques bleus. Plus de 3 800 d'entre eux ont perdu la vie, dont 98 hommes et femmes au cours de l’année 2018.
Aly Tinto (Stagiaire)