L’apport des entreprises au développement, que celles-ci soient formelles ou informelles, nombreux sont les Burkinabè qui y croient aujourd’hui. En effet, elles sont source d’emplois permanents qui occupent une bonne partie de la population active et contribuent fortement au Produit intérieur brut (PIB). Mais quelle est concrètement la part contributive de ces sociétés au secteur privé national ?
Pour la Commission économique africaine (CEA), le secteur primaire de l’économie du Burkina est essentiellement privé. Il emploie 85 % de la population et participe pour 40 % à la formation du PIB. Le secteur secondaire, quant à lui, participe pour environ 18 % au Produit intérieur brut. Faiblement développé, ce secteur est dominé par l’industrie manufacturière (le textile, les bâtiments et travaux publics ou BTP, l’agro-industrie, l’industrie chimique, etc.) et par un secteur minier exploité de façon artisanale et industrielle. Le secteur tertiaire, lui, se caractérise par l’importance du secteur informel dans les centres urbains et dans les campagnes.
Estimées à plus 12 500, les entreprises privées emploient autant de personnel que l’administration publique. De ce fait, les impôts, les taxes et le salaire que paye le privé sont d’une grande importance et contribuent à diminuer le taux de chômage. Cependant, il se trouve que plusieurs facteurs ne militent pas en faveur de l’émergence dudit secteur, ce qui aurait pourtant permis de créer davantage de devises pour le pays.
Pour Abou Soufiane Tégéra, entrepreneur et directeur d’un cabinet d’études, « la lourdeur administrative est un frein à la bonne marche de nos activités. Très souvent pour payer nos taxes, impôts et pour les dossiers de soumission aux marchés, c’est la croix et la bannière ». A en croire ce dernier, souvent sur le terrain ils font face à de nombreuses difficultés telles que la lenteur des agents dans l’exécution de leurs tâches, lesquels ne tardent parfois pas à s’emporter et à leur jeter à la figure : « Monsieur, vous voulez m’apprendre à faire mon travail ?»
Germain Somé, directeur général d’une agence de communication, corrobore cette assertion. Il confie, par exemple, avoir perdu un important marché à cause d’une question de rupture de timbres.
Selon la Banque mondiale, en 2018, malgré un contexte national sécuritaire difficile et la hausse des prix internationaux du pétrole, la croissance économique est restée solide à 6%. Selon cette institution de Bretton Woods, cette performance a été possible grâce à des activités telles que la télécommunication, les services financiers et l’organisation d’événements internationaux comme le SIAO et le Tour du Faso. Le maintien du dynamisme du secteur minier et le rebond de la production agricole ont également soutenu la croissance économique. Pour les analystes de cette institution financière, les multiples grèves au niveau de l’administration publique, notamment celles au ministère de l’Economie, des Finances et du Développement, n’ont pas permis une bonne collecte des impôts et taxes. Et d’ajouter que c’est la forte mobilisation des dons extérieurs, soit 4,1% du PIB, qui a permis d’atténuer l’effet négatif des mouvements sociaux sur les recettes publiques.
Pour ce qui est de l’avenir, les analystes de la Banque mondiale estiment qu’à moyen terme, les perspectives économiques sont favorables avec une croissance du PIB qui devrait se stabiliser autour de 6% sur la période 2019-2021. Et cela devra être soutenu par les services, les mines et l’agriculture.
Cette analyse de la Banque mondiale interpelle tous les partenaires sociaux de l’Etat et l’Etat lui-même sur l’importance de la stabilité si l’on veut voir le pays effectuer un bond en avant sur le plan économique. Ainsi, s’il y a un climat serein de travail dans l’administration publique, les entreprises privées pourront, par le payement de leurs impôts et taxes, renflouer les caisses de l’Etat et absorber au maximum le chômage des jeunes.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné