Le 30 avril de chaque année, est célébrée la Journée mondiale de la non-violence éducative. Elle a été initiée afin d’attirer l’attention de tous sur les châtiments corporels à l’encontre des enfants et de promouvoir d’autres façons d’élever ses enfants sans claque ni fessée. Eduquer les enfants sans avoir recours à la violence serait donc possible, selon les défenseurs de cette journée, si on utilise la bonne méthode. Cet avis n’est pourtant pas partagé par certains enseignants et parents, qui voient au recours au fouet, surtout à l’école, un moyen d’instaurer l’ordre et la discipline dans les écoles.
Selon des chiffres rapportés par l’UNICEF, 85 % des enfants âgés de 2 à 14 ans dans le monde sont soumis à des châtiments corporels ou à des agressions psychologiques. Les résultats de différentes études réalisées par le Canadian Medical Association Journal en 2012 à travers le monde sur les châtiments corporels infligés aux enfants établissent un lien entre ces violences et les troubles cognitifs et de l’apprentissage. Le recours à la chicotte n’aiderait donc pas l’enfant à mieux apprendre ; bien au contraire, la peur de se voir frapper lui ferait perdre ses moyens si l’on en croit ces statistiques. Des affirmations qui ne sont pourtant pas partagées par tous les acteurs du système éducatif. Il faut noter qu’au Burkina Faso, les corrections corporelles sont interdites par l’article 66 du décret n°2008-236, qui dispose que « les châtiments corporels sont formellement interdits à l’école, sous peine de sanction disciplinaire, sans préjudice de sanctions pénales encourues, conformément aux textes en vigueur ». Ces sanctions interdites depuis 2008 avaient pourtant leur raison d’être, de l’avis certains parents. « Pour moi, les châtiments corporels n’auraient jamais dû être interdits à l’école. C’était un mal nécessaire. Regardez vous-même comment les enfants se comportent de nos jours ! Ils n’apprennent plus les leçons, donc évidemment le niveau va baisser. En plus ils n’ont plus aucun respect pour leurs enseignants ; pire, ils vont jusqu’à leur porter la main. Tout ça parce qu’ils savent que quoi qu’ils fassent, ils ne risquent rien », déplore Alphonse Sankara, parent d’élève. Salif Koama, conseiller pédagogique, impute même la flambée de l’incivisme à la suppression des sanctions corporelles à l’école. « On interdit aux enseignants de frapper les enfants même quand ils posent de mauvais actes et on passe le temps à dire aux enfants qu’ils n’ont que des droits. C’est évident qu’ils ne feront que ce qu’ils voudront ! Alors que si on tapait un peu et qu’on rappelait aux enfants le sérieux qu’ils doivent mettre dans les études et le respect qu’ils doivent à leurs enseignants en particulier et à leurs aînés en général, ça ferait du bien à la société », soutient-il.
La suppression des châtiments corporels rendrait également le travail difficile pour les enseignants confrontés à des classes aux effectifs pléthoriques. Bila Sawadogo, enseignante, affirme que « bien que les châtiments corporels soient interdits, les enseignants sont souvent obligés de brandir le fouet pour dissuader les récalcitrants et ceux qui refusent de suivre. Avec par exemple une centaine d’élèves comme on en voit souvent dans les écoles publiques, l’enseignant a beau parler, il y en a qui vont certes l’écouter, mais d’autres n’en feront qu’à leur tête. Donc il faut souvent taper un peu pour ramener les enfants à l’ordre, sinon on s’en sort difficilement ».
Faut-il alors réintroduire dans les écoles les sanctions corporelles pour espérer y instaurer la discipline et l’ardeur au travail ? La question reste posée.
Armelle Ouédraogo