dimanche 24 novembre 2024

Représentation des partis politiques sur le campus : Impact sur la sérénité de la vie universitaire

campus uneDepuis un certain temps, de manière non voilée et apparemment acceptée de tous, des partis politiques s’implantent sur les campus universitaires au Burkina Faso sans qu’il y ait un réel encadrement de cette pratique. Si les intentions des partis politiques en procédant ainsi sont nobles, il n’en demeure pas moins que sans garde-fou cela peut se révéler dangereux pour le niveau de l’enseignement dans ces temples du savoir, et même pour l’avenir du Burkina Faso.

Depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014, le Burkina Faso est plongé dans une crise plus ou moins sociopolitique.  Ceux et celles qui ont payé et qui continuent de payer le plus lourd tribut aux régimes passés et présents, ce sont les jeunes, dont les moins de 35 ans, qui pourtant constituent la relève. Malheureusement ceux-ci, par ignorance ou par nécessité constituent un bétail électoral aux mains des politiques. Du fait de la paupérisation progressive des étudiants du Burkina Faso, des responsables de partis politiques n’étant quasiment pas des modèles en matière d’intégrité, ont progressivement transformé l’éducation nationale en un champ de business où l’accumulation du profit a pris le pas sur la qualité de l’enseignement et la transmission de valeurs de morale publique aux élèves et étudiants.

Pour certains universitaires comme le Pr Albert Ouédraogo et Abdoulaye Traoré, « l’université est également un lieu de stress, d’angoisse, de pauvreté et d’injustice pour la grande majorité de ceux et celles qui y étudient ». Après avoir enduré de longues et dures grèves, des violences verbales et physiques, la destruction de biens publics, des sévices, des arrestations, des disparitions et avoir participé à l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014 ainsi qu'à la résistance populaire y consécutive, cette jeunesse estudiantine a plus que jamais besoin d’un cadre sain pour parachever sa formation afin d’assurer, comme il se doit, la relève.

campus 2Même si pour certains, étant donné que les élèves et étudiants constituent l'avenir de tout pays ils doivent être bien formés tant techniquement que politiquement, il se trouve que cette formation peut ne pas être sans manipulation. Si manipulation il y a, il est à craindre qu’elle déteigne sur des domaines tels que celui politique et le milieu syndical tant chez les enseignants que chez les étudiants. Dans ce cas, il y a fort à parier que les adversités politiques se transposeront sur les terrains estudiantin et scolaire. 

Sans mettre en doute le fait qu’élèves et étudiants puissent faire preuve de lucidité et de discernement dans leur engagement politique en milieu scolaire et estudiantin, il faut simplement accepter que nous sommes dans un format politique où même les adultes jusqu’à présent ne maîtrisent pas comment tracer la ligne asymptotique entre la politique et les relations humaines avec les autres. Ce ne sont donc pas les moins formés qui pourront y échapper car étant à un stade de leur vie où ils pourraient manquer de recul par rapport aux événements de la vie pour relativiser les choses. L’exemple dramatique des affrontements entre pro-Ouattara et pro-Gbagbo sur les campus universitaires de la Côte d’Ivoire doit faire réfléchir plus d’un ici au Burkina Faso. Il faut donc résister à la tentation de politiser tout et partout car au pays nous avons la chance d’être une nation et non seulement une république.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné

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