Les marmites en aluminium fabriquées à partir de ferraille par des artisans locaux sont fréquemment utilisées dans les pays en développement. En plus d’être une source importante de revenus pour les artisans locaux, cette activité est un moyen de promouvoir le recyclage et l’entrepreneuriat au Burkina. Cependant, une étude récente a révélé que ces marmites libèrent le plomb dans les aliments lors de leur utilisation, chose qui n’est pas sans conséquence sur la santé.
Des chercheurs de l’Université Ashland de l’Ohio et de l’organisme sans but lucratif OccupationalKnowledge International ont examiné 42 marmites provenant de 10 pays en développement et ont constaté que plus d’un tiers représentait un risque d’exposition au plomb. En effet, selon l’étude, de l’arsenic, de l’aluminium et du cadmium étaient également libérés durant le processus de cuisson. La concentration d’aluminium libérée était environ six fois supérieure aux directives alimentaires de l’Organisation mondiale de la santé. On soupçonne que l’aluminium contribue aux maladies neurodégénératives et que le cadmium est lié aux lésions rénales, au cancer et à d’autres problèmes de santé. Des concentrations importantes de cadmium ont émané de 30 % des marmites.
Au vu de la place de choix qu’occupent ces ustensiles de cuisine en Afrique, il est donc impératif que les autorités nationales se penchent sur la question, dans la mesure où la marmite est le symbole même du foyer dans la culture africaine. Faire à manger dans des marmites est signe de féminité chez la femme africaine. Elles sont omniprésentes et tellement ancrées dans la culture des pays comme ceux d’Afrique de l’Ouest qu’elles sont souvent indispensables à la cuisson de certains types d’aliments.
Historiquement parlant, la fabrication des marmites a débuté au Sénégal après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’aluminium était devenu populaire dans la fabrication des avions, selon Emily Lynn Osborn, une historienne de l’Université de Chicago. En effet, les traditions locales racontent que la première de ces marmites a été fabriquée à partir d’un avion abandonné.
De nos jours, des pièces d’ordinateurs et d’automobiles, des boîtes de conserve et toutes sortes de débris industriels sont recyclés pour la fabrication des marmites. Les gens en général n’étaient pas préoccupés par les toxines.
Toutefois, dans le but de réduire la présence des éléments nocifs que libèrent les marmites, le revêtement pourrait être une option, même si cette dernière présente aussi des limites. Dans de nombreuses cultures, la sélection des marmites est étroitement liée aux pratiques de cuisson, qui ne peuvent pas facilement être transférées dans des marmites en aluminium revêtues ou anodisées.
Edwige Sanou