Suite au communiqué de la mairie faisant cas de l’aménagement de la gare routière de la zone Ouagarinter, le maire de la ville invitait les occupants des lieux à les quitter au plus tard le 05 avril 2019. Le 10 avril 2019, soit cinq jours après la date butoir, le constat est que certains occupants ont effectivement plié bagage, tandis que d’autres occupent encore les lieux. Radars info Burkina est allé à la rencontre d’Issa Nikiéma , secrétaire général de la section OTRAF de la gare routière Ouagarinter, pour savoir où ils en sont avec le déménagement cinq jours après l’expiration du délai.
Radars info Burkina : La mairie de Ouagadougou a rendu public un communiqué invitant les occupants de la gare routière à quitter les lieux pour des raisons d’aménagement avant le 05 avril 2019. Nous sommes le 10 avril 2019. Même si certains ont obéi à cette injonction, on remarque que les transporteurs et certains commerçants sont encore sur les lieux. Qu’est-ce qui explique cela ?
Nikiéma Issa : Effectivement, la note de la mairie indiquait comme date limite le 05 avril 2019 et aujourd’hui nous sommes le 10 avril. En ce qui concerne les transporteurs, nous étions prêts à quitter la gare le 05 avril. Je ne parle pas des commerçants installés à l’intérieur comme à l’extérieur. Avant tout, une gare routière c’est pour les transporteurs. Et si nous déménageons, qu’ils le veuillent ou non, ils vont aussi déménager. La preuve en est que certains ont déjà commencé à « casser » leurs boutiques. Il est prévu pour nous les transporteurs de déménager sur un site, mais en ce moment ils sont toujours en chantier. En effet, ils construisent un hangar qui n’est pas encore fini. Raison pour laquelle nous sommes encore ici. Dès que le site sera prêt nous allons y emménager.
RIB : Selon ce que nous avons appris, ce site ne prendrait pas en compte les commerçants, mais uniquement les transporteurs. Que deviendront ces commerçants qui étaient sur ce lieu depuis plus de trente ans ?
NI : Les commerçants se sont installés ici de façon anarchique. C’est-à-dire qu’ils n’avaient pas l’autorisation de la mairie pour être là. Ce problème est assez récurrent au Burkina Faso. Quelqu’un voit un espace vide et s’y installe tout en sachant qu’on ne le lui a pas attribué. Au bout de deux ou trois ans, on lui demande par exemple de partir parce qu’on veut mettre le terrain en valeur et l’intéressé réclame alors un dédommagement. Est-ce normal ? La mairie n’a donné l’autorisation à aucun commerçant de s’installer ici : que ce soient ceux qui sont à l’intérieur ou à l’extérieur de la gare. Ceux qui sont à l’intérieur se sont entendus avec nous, les transporteurs. Compte tenu du fait que les commerçants et les transporteurs travaillent en collaboration et aussi du fait qu’il n’y avait pas beaucoup de véhicules en son temps, nous leur avons permis de s’installer à condition de ne pas déranger les transporteurs. En saison pluvieuse, la gare devient pratiquement inaccessible. C’est très vilain à voir. 
Depuis 2011, la mairie a entamé des démarches avec l’Agence française de développement, qui a donné son apport pour réhabiliter la gare. Ils ont commencé à travailler et à sensibiliser. Et depuis pratiquement le mois de juin 2017, ils ont mis une équipe sur place qui travaille avec les transporteurs, les commerçants et les riverains pour que le jour où on nous dira que les travaux débuteront, que cela ne nous gêne pas. Si vous avez été déjà informés, vous devez commencer à chercher un fonds pour vous réinstaller. Si la mairie vous trouve un site, tant mieux ; mais si elle n’a pas de site pour votre réinstallation, ne lui en voulez pas. Je ne défends pas la mairie mais, c’est une réalité.
RIB : Ces commerçants qui étaient installés de façon anarchique, payaient-ils des impôts à la mairie ?
NI : Je ne peux pas me prononcer sur cette question, mais je sais que tout commerçant doit payer ses impôts. Que la mairie t’ait attribué un espace ou pas, tu es appelé à payer des impôts. Donc à ce niveau je ne peux pas me prononcer. Ce qui est sûr, la mairie n’a donné l’autorisation à aucun commerçant de s’installer ici.
RIB : Les travaux sont prévus pour durer combien de temps ? Est-ce que cela n’aura pas un impact sur votre activité ?
NI : Les travaux sont prévus pour durer 12 mois. Cela peut ne pas atteindre 12 mois mais ça ne va pas excéder 12 mois. Vous savez, nous avons déjà subi une perte de clients compte tenu de la dégradation de la gare. Je peux même dire que nous avons perdu près de 80% de nos clients. Si tu crées ton entreprise et que tu perds déjà 80% de ce que tu devais gagner, cela veut dire que tu vas droit à la faillite. Nous allons nous serrer la ceinture pour attendre les douze mois. Et on espère qu’à notre retour, les clients nous feront de nouveau confiance.
Propos recueillis par Edwige Sanou
