Dans la région du Centre, à peine 4,6% des ménages disposent d’un système amélioré de collecte des eaux usées domestiques. A Ouagadougou comme dans beaucoup d’autres villes du Burkina Faso, les eaux usées ainsi que les excreta stagnent souvent sur la voie publique et la devanture des concessions. En plus d’être désagréables pour les voisins du fait des odeurs et de l’insalubrité, ces déchets constituent également un danger pour la santé.
Des eaux usées déversées sur la voie publique et qui stagnent, certaines qui sortent des toilettes, constituant par la même occasion des nids de moustiques, tel est le spectacle désolant auquel assistent bien des citoyens de la capitale. Pourtant, déverser ses eaux usées sur la route est interdit. « Dans notre six mètres, il y a une dame qui vend de l’attiéké et du poisson fumé. Donc toute la journée, les filles lavent le poisson et jettent l’eau et les détritus sur la route. Non seulement ça sent très mauvais, mais en plus cela fait que le six mètres est toujours mouillé, quelle que soit la période de l’année. C’est désagréable mais comme on est entre voisins, personne ne veut la dénoncer », déplore Bernadette Séogo. Et lorsqu’on cherche à savoir ce qui pousse les uns et les autres à se débarrasser de leurs eaux usées sur la voie publique, le manque de caniveaux et de bacs d’eau est mis en avant. Toutefois, dans les dispositions du décret N°2005-337/PRES promulguant la loi N°022-2005/AN du 24 mai 2005 portant code de l’hygiène publique au Burkina Faso, les article 30 et suivants définissent les responsabilités des propriétaires d’habitation. Cependant, force est de constater que la loi n’est pas respectée par tous.
Aux eaux usées qui stagnent, s’ajoutent les excréta qui se retrouvent à l’air libre, au grand dam des voisins. En effet, plusieurs ménages à faibles revenus font recours à des vidangeurs manuels pour débarrasser leurs fosses des excréments à l’aide de pelles et de seaux. Ceux-ci travaillent le plus souvent à partir de la tombée de la nuit. Après avoir enlevé la dalle de couverture des latrines, ils y déversent du pétrole pour atténuer l’odeur puis commencent par déverser l’eau de la fosse sur la voie publique et entasser la boue derrière la concession. Ce n’est qu’au lever du jour que les voisins constateront la présence des déchets. Ce qui les oblige à faire des détours pour pouvoir rejoindre leurs destinations. Une situation qui met à mal la cohabitation entre voisins. La loi prévoit pourtant des amendes pour ceux qui évacuent les eaux et déchets de toilettes sur la voie publique, mais il est difficile de sévir d’autant plus que les fautifs sont généralement des indigents.
En plus d’être désagréables à la vue et à l’odorat, les eaux usées et excréments déversés à l’air libre sont cause de choléra, de dysenterie, de diarrhée, d’intoxication, de paludisme et même de dengue. C’est pourquoi Tanga Ilboudo, agent d’assainissement, conseille d’incorporer les ouvrages d’assainissement dans les parcelles pour éviter les désagréments.
S’il ne faut pas occulter le fait que les mairies travaillent en étroite collaboration avec l’ONEA en matière d’assainissement, il n’en demeure pas moins qu’il revient aux populations d'avoir à cœur la salubrité de leur cadre de vie, car leur santé et leur bien-être en dépendent fortement.
Armelle Ouédraogo