Selon le guide pratique du Bureau burkinabè du droit d’auteur, le droit d’auteur est l’ensemble des droits dont disposent l’auteur ou ses ayants droit, c’est-à-dire ses héritiers et sa société de production. Il concerne les œuvres originales de l’esprit et des droits corrélatifs du public à l’utilisation de ces œuvres en certaines conditions. Pour le cas des maquis et bars, l’on parle du droit de la représentation indirecte. Ces lieux de divertissement, parce qu’ils utilisent les œuvres musicales, devraient contribuer à augmenter la manne financière des artistes musiciens. Qu'en est-il exactement au Burkina Faso ?
Pour le secrétaire général du Bureau burkinabè du droit d’auteur, Lanssa Moïse Kohoun , c’est la taille du maquis ou du bar, c’est-à-dire le nombre de places assises et la tranche horaire d’exploitation des œuvres musicales au cours de la journée, qui déterminent le forfait que les promoteurs de ces lieux de loisirs doivent payer comme droits. De manière concrète sur le terrain, le directeur général du BBDA Ouahabou Barra, a indiqué que le Burkina Faso est le 4e pays africain en matière de collecte des droits d’auteur, mais il précise que cette collecte est très en deçà des attentes. Car pour lui, si l’on doit faire une comparaison entre ce que perçoivent les artistes des autres pays et le nôtre, la différence est nette. A titre d’exemple, il indique que le plus grand maquis paie 200 000 F CFA par mois au Burkina Faso alors qu'en Côte d’Ivoire, les maquis de renom paient 2 500 000 FCFA. Egalement pour ce qui est des hôtels, le DG déclare qu’au Burkina Faso, celui qui contribue le plus paie 1 200 000 FCFA, bien qu'ayant les mêmes caractéristiques qu’un hôtel en Algérie qui est classé 2e au titre de la collecte et qui paie 60 000 000 FCFA par mois.
A la lumière de cette comparaison, il apparaît que les maquis et les bars peuvent constituer une bonne source de revenu pour les artistes musiciens. Mais sur le terrain selon Ouahabou Barra, il faut une large campagne de sensibilisation pour que les tenanciers des maquis et bars sachent que le payement des droits d’auteur est différent de celui des taxes et des impôts.
Mme Rosalie Kiemtoré, tenancière du maquis Raso Rosam à cissin, elle, paye chaque année la somme forfaitaire de 40 000 FCFA au titre des droits d’auteur au BBDA. « La toute première fois où ils sont venus chez moi, ils ont visité les locaux et m’ont donné une fiche à remplir et chaque année, ils viennent percevoir une somme de 40 000 FCFA», a-t-elle déclaré. Contrairement à elle, Clarisse Congo, tenancière d’un maquis de la place, dit n’être pas informée qu’elle doit payer des droits d’auteur au BBDA. Au même chapitre du droit d’auteur, Robert Ilboudo, producteur d’artistes musiciens, indique que certains tenanciers de maquis sont réfractaires à la signature des fiches du BBDA que lui-même a envoyées plusieurs fois. Et même qu’il y a des maquis où des groupes musicaux interprètent en live des œuvres musicales mais la pratique est la même : le refus de payer les droits d’auteur.
Quand on sait les conditions dans lesquelles les musiciens, producteurs et managers s’échinent pour la sortie des œuvres musicales que l’on exploite pour faire plaisir aux clients des maquis et bars, il nous semble qu’il est plus qu’un devoir pour les promoteurs de ces lieux de céder une partie de leurs recettes aux artistes.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné