Les migrations sont au cœur du processus de développement dans tous les pays du monde. Au Burkina Faso, selon une étude de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), pour ces personnes, les raisons principales de leur départ du pays sont la recherche d’un emploi, les études et, depuis peu, la crise sécuritaire que vit le Burkina Faso. Mais il se trouve que ces dernières années, selon la même étude, il y a une tendance à un retour volontaire et massif des migrants burkinabè dans leur pays d’origine. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cet état de fait ?
En 2017, l’OIM a assisté 1013 migrants burkinabè en situation de retour volontaire ; en 2018, elle en a assisté 719. Selon cette organisation, ces activités d’assistance et de réintégration ont été menées à travers plusieurs projets dont le principal est l’initiative conjointe entre l’Union européenne et elle. Pour certains migrants qui ont témoigné, ce sont les conditions de vie et de travail dans les pays d’accueil qui les ont découragés. Raison pour laquelle ils sont revenus au bercail. C’est le cas de Joël Kaboré, qui a migré en Espagne dans l’intention d’étudier. Une fois au pays d’accueil, les conditions de vie et de travail n’étaient pas comme il s’y attendait. Les dures conditions de vie lui ont fait abandonner les études. « N’étant pas boursier, j’ai dû laisser tomber mes études au profit d’emplois pour pouvoir payer mon loyer, me nourrir et envoyer des temps en temps quelque chose à ma famille ». Pour son voyage, Joël dit avoir été aidé par son oncle maternel, donc se sentait redevable aux membres de sa famille. A un moment donné, il était mal rémunéré et quand l’occasion s’est présentée à lui, il n’a pas hésité à prendre le chemin de retour. Une fois au pays, il s’est lancé dans une activité commerciale avec les petites économies qu’il avait pu faire, ce qui lui a permis de stabiliser sa situation. Sidiki Traoré, quant à lui, n’a pas pu arriver dans son pays d’accueil voulu. Il s’est limité au Sénégal où il devrait prendre le bateau pour la suite du périple. Pour celui-ci, cet arrêt était plus qu’une obligation car il avait été victime d’une escroquerie et n’avait plus d’argent pour poursuivre la route. Alors, il s’est résigné à rester au pays de la Teranga, où il a été employé par une dame pour la vente d’eau. C’est quand il a pu faire des économies qu’il s’est lancé dans le commerce d’habits et de chaussures, ce qui lui a permis de retourner au pays. Actuellement, Sidiki Traoré approvisionne son magasin et d’autres commerçants à Dakar, Lomé et Cotonou.
Selon l’OIM, la route migratoire principalement empruntée est l’axe du Burkina Faso - Maghreb en passant par le Niger. Outre cela, en 2018 un nouvel axe est apparu : il s’agit de celui Burkina Faso – Maghreb, en passant par le Mali. Les domaines d’activité dans lesquels les émigrés exercent une fois là-bas sont les travaux dans le bâtiment, les travaux domestiques et dans la restauration.
Aux éventuels candidats à l’émigration, certains migrants revenus volontairement comme Joël Kaboré conseillent de vraiment aller s’il le faut dans de bonnes conditions. Ces conditions, selon ce dernier, c’est d’obtenir une bourse d’étude avant d’y aller si l’on part pour des études, s’assurer d’avoir un emploi pour ceux qui y vont simplement à l’aventure. Sinon, les petites économies que l’on fait pour le voyage pourraient servir à développer des activités créatrices d’emplois pour plusieurs personnes au Burkina Faso.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné