L'adolescence est un moment où se produisent chez le jeune garçon ou la jeune fille de nombreux changements rapides sous l'effet de la puberté. Cette phase de transition entre l’enfance et l’âge adulte est marquée par un ensemble de troubles tels l’opposition aux parents, les attitudes de défi, les sautes d'humeur ainsi que les comportements excessifs. C’est ce qu’on appelle crise d’adolescence. C'est un passage pendant lequel, en règle générale, le rôle parental est mis à rude épreuve.
L’adolescence est une période où l’individu remet tout en question : sa personnalité, son avenir, le monde qui l’entoure… A la recherche de sa propre identité, l’adolescent fait des expériences, qui ne sont pas toujours bonnes. Les difficultés relationnelles naissent à cause du fait qu’il se renferme généralement sur lui-même, pensant que les adultes ne le comprennent pas. « A l’adolescence, je trouvais que ma mère ne me comprenait pas et qu’elle ne m’accordait pas assez d’importance. J’avais l’impression qu’elle n’était pas assez à l’écoute quand je me confiais à elle et que je n’étais pas son enfant préféré. J’avais donc tendance à me replier sur moi-même et lorsqu’elle me demandait ce que j’avais, je répondais toujours que je n’avais rien, alors qu’en réalité je la boudais », confie Mariam Sanogo. Christian Dah, lui, a même fugué de chez son tuteur parce que se sentant trop « emprisonné » par les restrictions parentales. « A 15 ans je me suis découvert une passion pour la musique. Je n’hésitais donc pas à sécher les cours pour suivre mes aînés qui s’y adonnaient déjà. A tel point que mes notes en classe étaient catastrophiques. Mon oncle a tapé du poing sur la table et m’a sommé d’arrêter toute activité en lien avec la musique. Et pour m’obliger à étudier, il m’enfermait souvent avec mes cahiers. Alors que je n’avais que 17 ans, j’ai alors décidé de partir loin des miens pour vivre ma passion. C’est à la frontière que j’ai été arrêté, parce que mineur, et reconduit en famille », raconte-t-il.
Le moins qu'on puisse dire, c’est que cette période est aussi difficile pour les parents que pour le jeune garçon ou la jeune fille. Il se développe dans bien des cas une incompréhension entre le parent et l'adolescent, qui voit dans les conseils et recommandations des adultes une volonté de freiner sa liberté. « Les adolescents pensent qu'ils se suffisent, voulant avoir une certaine liberté, et faire ce qu'ils veulent, alors que leur comportement ne sied pas parfois. Et quand on veut les reprendre en tant que parent, ils trouvent qu'on ne les aime pas, boudent et s'enferment dans leurs chambres et ne parlent à personne. Certains ne s’entendent avec aucun des parents, parce qu’ils pensent que ceux-ci veulent restreindre leur liberté. L'entente subsiste très difficilement pendant la crise d'adolescence », constate Honorine Ouédraogo, mère de famille.
Comment alors gérer la crise d'adolescence, pour éviter qu'elle crée un fossé et éloigne parents et adolescents ? Albert Tankoano, attaché en santé mentale, conseille aux parents de privilégier le dialogue avec leurs adolescents en crise. En effet, dit-il, il ne sert à rien de vouloir résoudre le problème par les punitions ou souvent même les coups. Les parents gagneraient à essayer de comprendre leurs enfants et à les accompagner à travers des conseils, une écoute plus attentive et, pourquoi pas, de petits cadeaux pour que s'installe une certaine confiance, fait-il remarquer. Nadège Sandwidi, mère de famille, recommande également le dialogue. Et s’il arrive que les parents aient du mal à discuter avec leur progéniture, ils peuvent avoir recours à une personne en qui l'enfant a confiance et avec qui il n'a pas de tabou. Celle-ci pourrait aider à le raisonner et à le ramener dans le droit chemin si besoin est.
L'adolescence étant un passage obligé vers l'âge adulte, il appartient aux parents d'accompagner leurs enfants afin qu'ils puissent effectuer cette transition en toute sérénité.
Armelle Ouédraogo