Par ces moments de chaleur, il est très agréable pour des amis, des familles et des collègues de se retrouver dans les maquis sous les arbres, généralement des manguiers, question de se détendre et de se remettre de la fatigue de la semaine. Si telle est la première vocation de ces endroits, force est de reconnaître qu’ils contribuent à impacter négativement l’éducation des tout-petits des quartiers dans lesquels ces espaces sont situés. Nous avons fait un tour aux bords des barrages de Boulmiougou et de Tanghin et voici ce que l’on a pu constater.
Nous sommes dimanche aux environs de 13h, nous nous avons garé au parking du maquis espace Nana installé sous les manguiers du Barrage de Boulmiougou. Évidemment c’est une forte densité de personnes qui s’y trouvait. Pour se trouver une place, il fallait quelques minutes de patience. Une fois installés la commande passée qu’est-ce que nous remarquons ? Des garçonnets faisant la ronde avec pour argument, ramasser des capsules. Etant embarqués dans une causerie avec les voisins de tables, brusquement nous avons entendu un cri interpellateur du propriétaire qui ordonne de chasser les enfants qui rôdent autour des tables. L’ayant approché pour comprendre la raison de ses agissements, il nous fait comprendre cela : « Ces enfants sont des petits voleurs en formation, une fois arrêtés, ils profitent du manque de vigilance des clients pour leur dérober quelque chose, nous avons eu plusieurs plaintes de la part de clients à ce sujet. C’est pour cela je dis à mes employés de monter la garde ».
Quelques instants plus tard nous avons quitté ces lieux pour nous rendre du côté de Tanghin. Une fois installé après les commodités d’accueil, nous avons constaté à quelques différences près, le même dispositif que de l’autre côté. Juste à côté de notre table un monsieur d’un âge assez avancé nous a invité à partager son poulet grillé. Après qu’il a fini sa consommation, trois enfants dont le plus grand est en classe de CM1, suivi d’un qui est en classe de CE2 et un du CP2, sont venus lui demander s’ils pouvaient débarrasser la table afin d’apporter le plat au propriétaire, chose que le voisin a refusée. Etant donné qu’ils ont cette habitude, ils n’ont pas été découragés et déambulaient sous les arbres. Quelque temps plus tard, un groupe de personnes se sont levées pour quitter les lieux. Les trois garçonnets se sont précipités sur le restant de la nourriture et des os posés sur la table. Quelques instants plus tard, notre voisin nous dit au revoir et à peine enfourché sa mobylette, ces tout-petits aux aguets se sont bousculés sur le restant du plat composé essentiellement des os, de la tête et des pattes. Pour comprendre si ce phénomène était récurrent ou pas nous avons approché un jardinier qui semblait s’intéresser à la scène de ces enfants. Ce monsieur nous confie : « Tous les jours c’est comme cela que ça se passe ici. Aujourd’hui, ils sont peu nombreux. Des fois, ils viennent en nombre plus important avec leurs sacs d’écoliers, ils les déposent et s’adonnent à cette pratique ». À la question de savoir quelle est son attitude par rapport à la situation, il répond : « Nous ne faisons que regarder car nous savons que ce n’est pas bien ce qu’ils font, mais si l’on s’amuse à les chasser, si malencontreusement ils vont vers la grande voie et que quelque chose leur arrive, nous en serons tenus responsables ».
Voilà comment certains enfants cultivent de mauvaises habitudes, loin de la famille, loin de l’école et sous le regard impuissant de la société avec toutes les conséquences qui pourraient en découler. Vivement que chacun prenne ses responsabilités.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné