D’après un artiste musicien de la place, « l’alcool ne colle pas avec l’école ». Cependant, il se trouve que des maquis et des établissements d’enseignement cohabitent dans nos villes. Cette situation expose certains élèves à la consommation souvent pendant les cours. Ces lieux constituent également des points de rendez-vous, avec son cortège de dépravation de mœurs.
Pour Biyé Bague, proviseur du lycée municipal Vénégré, la vente de bière est formellement interdite aux élèves, mais certains des apprenants insistent pour s’en faire servir. Afin de contrôler ce phénomène, M. Bague indique que dans son lycée des mesures telles que la délocalisation du petit marché à l’intérieur de la cour de l’établissement et l’aménagement de deux kiosques ont été prises. De plus, il précise que le portail du lycée reste fermé pendant les heures de cours. Mais en dépit de ces mesures, il déclare qu’il est très fréquent d’apercevoir des élèves en petits groupes assis aux kiosques situés à l’extérieur de l’établissement pour consommer l’alcool. Et de confesser qu’il est, hélas, impuissant face à cette situation car n’ayant pas le pouvoir d’interpeller les tenanciers de ces endroits.
A proximité d’un autre établissement scolaire, notamment le lycée privé le technicien, situé au secteur 28, au quartier bonheur ville, on dénombre plus de cinq maquis. Dans ces débits de boissons, il est très fréquent de retrouver des élèves en petits groupes picolant de la bière ou des liqueurs de marque. Pour Léonard Somdakouma, rencontré dans un des maquis, la situation est alarmante : « Nous avons vu à plusieurs reprises des élèves en tenue en train de consommer de l’alcool. Mais de nos jours, il est difficile de corriger l’enfant d’autrui, si bien que personne n’ose les interpeller ». Selon Sayouba Yougbaré, gérant d’un maquis, « les élèves sont nos meilleurs clients. Ils viennent souvent par groupes de 5 ou 10 élèves. Et, généralement, c’est un seul qui paye la facture ».
Cette situation nous amène à nous poser des questions sur l’impact de ce phénomène sur le rendement scolaire et l’éducation des élèves de ces établissements. En la matière, certains chefs d’établissements estiment que les responsabilités sont partagées. D’abord, les autorités municipales doivent veiller à l’application de la réglementation qui exige que les maquis aux alentours des établissements d’enseignement soient situés à 500 m au moins. Ensuite, les tenanciers des kiosques et maquis devraient être sensibilisés au fait qu’ils ne doivent pas vendre de boissons alcoolisées aux élèves. Enfin, les parents devraient veiller à ne pas « remplir les poches de leurs enfants », afin d’éviter qu’ils soient ceux qui paient à boire à leurs camarades.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Bekuoné