Dans la capitale Ouagadougou, il n’est pas rare de voir de braves femmes vendre en pleine nuit des fruits et légumes aux abords des voies. Cette activité qui, au début, était réprouvée par certains de nos compatriotes tend à se généraliser, même s’il importe de préciser qu’elle n’est pas sans danger pour celles qui la pratiquent.
Installées en bordure de certaines voies, qu’elles soient bitumées ou non, éclairées ou pas, nombreuses sont les personnes (majoritairement des femmes) qui s’adonnent à la vente de fruits et légumes une fois la nuit tombée. « On fait ça pour se débrouiller. Personnellement, je vends la nuit parce que c’est seulement à ce moment que je suis libre. En effet, je suis femme de ménage dans plusieurs domiciles dans la journée », nous explique Mme Tiendrebeogo. A l’en croire, cette activité commerciale nocturne est rentable. « On s’en sort. Nos clients sont tellement ravis de pouvoir obtenir des condiments la nuit qu’ils ne se plaignent pas des prix auxquels on les leur propose», confie-t-elle.
Alice Tankoano, secrétaire, confirme que ces étals nocturnes sont fort utiles. « Le commerce de nuit m’arrange personnellement dans la mesure où souvent, je descends du boulot à 18h, 19h et même 20h. Donc il m’est impossible d’avoir des condiments à pareilles heures dans un marché diurne. L’inconvénient, c’est qu’une fois la nuit tombée, ces vendeuses augment les prix des condiments. Mais comme on n’a pas vraiment le choix, on est obligé de faire avec », relate-t-elle. Si cette pratique est appréciée par certains de nos compatriotes, d’autres sont réservés en ce qui la concerne. « Moi, j’ai déjà eu ma dose de mésaventure dans l’achat des condiments la nuit. Une fois j’ai pris des tubercules la nuit. Quand je suis arrivée à la maison je me suis rendu compte que la majeure partie était pourrie, d’où ma déception », souligne Mme Sanou, restauratrice.
Le commerce nocturne est peut-être une occasion de bonnes affaires pour les vendeuses, mais il n’est pas dénué de risques. En effet, à plusieurs reprises certaines de ces marchandes ont fait l’objet d’agressions. « L’espace vide qui se trouve derrière nous est un refuge de jeunes délinquants. Quand la circulation commence à diminuer, nous plions bagage parce que plusieurs fois nous avons été victimes de vol et même de pillage », nous informe Mme Tiendrebeogo. Des dires corroborés par Zalissa, elle aussi vendeuse de condiments : « Moi, je commence à vendre vers 16h et au plus tard à 21h je rentre parce que ce lieu n’est pas sécurisé ».
Du fait de leur installation anarchique en bordure de route, ces dames ne bénéficient d’aucune protection des services compétents ; bien au contraire, elles font souvent l’objet de déguerpissement. Même si cette activité commerciale est lucrative, celles qui la pratiquent sont donc invitées à la plus grande prudence.
Edwige Sanou