« Autonomisation et responsabilisation des femmes », c’est sous ce thème que s’est déroulé un forum organisé par l’Assemblée nationale les 15 et 16 février derniers. Pour le président de l’institution parlementaire, Alassane Bala Sakandé, « en dépit des efforts de l’Etat burkinabè depuis la révolution, les femmes restent marginalisées et demeurent exclues et confrontées à de nombreux problèmes socio-économiques». Cette réflexion pose la question de la persistance de la précarité de l’autre moitié du ciel après près de quarante années de lutte.
Selon plusieurs analystes, la pauvreté a un visage féminin en Afrique de manière générale et particulièrement au Burkina Faso. Pourtant, cette frange de la population est estimée à plus de 52% de la population nationale. Ainsi, arriver à combattre la précarité de la femme serait synonyme de résoudre le problème de pauvreté de ce pays. Pour la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Action humanitaire, Laurence Marchal/Ilboudo, « si nous voulons arriver à zéro faim dans le monde, il est important que nous prenions en compte cette cible très importante qu’est la femme ».
Comment rendre effective l’autonomisation de la femme demeure une équation à plusieurs inconnues que doit résoudre la société.
Pour ce faire, des projets et programmes ont été mis en place pour financer les activités des femmes burkinabè. C’est ainsi que dans nos villes et campagnes, des associations, des groupements féminins sont constitués, lesquels bénéficient de financements destinés à leur permettre d’atteindre l’autonomie en mettant sur pied des initiatives. C’est l’exemple de l’association de la Fédération des Femmes Rurales du Burkina Faso (FENAFER-B), créée en 2004 et dirigée par Colette Nana. Cette fédération implantée dans 27 provinces, précisément dans les zones rurales, compte 164 groupements et 8 unions composées de 2 356 membres. Comme activités, les membres de la fédération s’investissent dans la production des céréales, notamment le riz, le mil, le maïs, etc. Certaines femmes de la FENAFER-B, sont à la fois productrices et transformatrices et tirent bien leur épingle du jeu. Grâce à ces activités, Colette Nana estime que plusieurs femmes sont devenues « des chefs » de famille. Car, dit-elle, « non seulement elles sont les premières réveillées et les dernières à se coucher, mais aussi elles s’occupent du bien-être de leurs enfants, de leur mari, de l’éducation et de la scolarisation de leurs enfants ». selon la présidente Colette Nana, depuis la création de FENAFER-B, les choses ont évolué positivement. Car pour elle, plusieurs femmes qui n’arrivaient pas à scolariser leurs enfants par manque de moyens financiers sont à même de les inscrire aujourd’hui dans des écoles modernes. En plus des différentes productions, les femmes ont la possibilité, dans cette fédération, de contracter des crédits pour leur commerce. A ce sujet, Mme Nana indique que plusieurs d’entre elles s’en sortent très bien.
Si les membres de la FENAFER-B arrivent à sortir de leur précarité, d’autres femmes burkinabè en dépit de ces projets et programmes, peinent à voir le bout du tunnel. En effet, plusieurs facteurs limitent leurs actions en matière d’entrepreneuriat. Parmi eux, la problématique de garantie pour l’accès au crédit, le défaut de propriété de terre, le faible accès aux moyens de production et les pesanteurs socioculturelles, le faible niveau de revenu et celui d’instruction ainsi que le manque d’organisation de celles-ci en association et la mauvaise gestion des crédits octroyés.
En cette journée dédiée à la femme, une réflexion particulière, au-delà du thème de la commémoration, doit être menée sur cette question d’autonomisation de l'autre moitié du ciel.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné