Le marché burkinabè est inondé de produits communément appelés «au revoir la France ». Avec cette invasion des produits de seconde main jetés par les Européens et récupérés à cœur joie par des Burkinabè, les produits made in Burkina se retrouvent relégués au second plan. Cela n’est pas sans conséquences sur l’économie nationale et la santé des utilisateurs desdits produits, car ils avaient été jetés dans la poubelle par les propriétaires en raison de leur défectuosité avant d’atterrir ici. Il y a lieu donc de se demander comment ce secteur d’importation des produits « au revoir la France » est réglementé au pays des hommes intègres. Au regard de cette invasion massive à laquelle on assiste tous les jours et des origines douteuses de ces produits, faut-il les interdire ou recadrer leur importation ?
Des habits, des dessous, des appareils électroménagers, des véhicules, des meubles, etc., tous types de produits défectueux aux yeux des Européens font tous les jours leur entrée sur le territoire des hommes intègres pays. Mais cela n’est pas sans conséquences, aussi bien sur le marché local que sur le plan environnemental et sanitaire.
A l’occasion de la clôture de la session extraordinaire du Parlement du 25 juillet 2016, le président de l’Assemblée nationale d’alors, feu Salifou Diallo, avait invité les députés à réfléchir à une proposition de loi en vue de la réglementation de l’importation des véhicules d’occasion, d’autant plus que dans la sous-région, la plupart des pays ont limité l’importation des véhicules de huit à dix ans d’âge.
En effet, le Burkina Faso est devenu un cimetière de véhicules importés de plus de dix ans d’âge et de produits de seconde main de toutes sortes. Impossible de faire cent mètres sans tomber sur un produit « au revoir la France » et nombreux sont ceux qui se ruent sur ces produits. Plusieurs raisons sont avancées pour cela. « Ils sont de meilleure qualité que ce qu’on trouve sur le marché local », confie Mme Tiendrébéogo, vendeuse de vaisselle importée. A la question de savoir s’il n’est pas nécessaire aujourd’hui de recadrer ou d’interdire l’activité, Mme Tiendrébéogo nous lance : « On ne doit pas la supprimer puisqu’elle nous fait vivre. On peut, par exemple, recadrer les éléments qui posent problème, tels que l’importation de dessous déjà utilisés, lesquels peuvent donner des maladies ».
De l’avis de Mme Ouattara, adepte de ces produits, « il faut que l’Etat ouvre les yeux pour réglementer un peu plus le secteur, mais pas aller jusqu'à l’interdire dans la mesure où cela contribue à la création d’emplois. Je pense que l’interdiction est une solution extrême. Selon moi, il faut surtout vérifier la qualité du matériel qui entre tel que les véhicules, les matelas et les dessous surtout », confie-t-elle. Quant à M. Kaboré, commerçant, il pense que les marchandises « au revoir la France » sont nécessaires dans la mesure où il est plus facile d’y trouver de bons produits que sur le marché local. « On m’a recommandé un lit médicalisé ; j’ai fait le tour du marché je n’en ai pas eu. C’est finalement dans un lieu de vente d’articles ‘’France au revoir’’ que j’ai pu l’obtenir. Ce que l’Etat peut faire, c’est contrôler les produits qui entrent sur le territoire national », a-t-il suggéré.
Si les produits « France au revoir » ne semblent pas déranger certains consommateurs, d’autres par contre sont méfiants sur ces produits. « Quand je vois des femmes trier des dessous ‘’France au revoir’’, j’en ai la chair de poule. Quand on ne sait pas quelle personne portait ces dessous ni quelle maladie elle avait, c’est vraiment faire preuve d’imprudence. Pour le bien-être même de la population, il faut que l’Etat revoie les choses à ce niveau », déclare Moussa Tassembédo.
Tout compte fait, les avis sont partagés sur cette question des « France au revoir ». Il revient donc aux autorités burkinabè de prendre leurs responsabilités en réglementant efficacement ce secteur pour le bien de tous.
Edwige Sanou