jeudi 21 novembre 2024

Autisme : « Certains parents avouent avoir honte de sortir avec leur enfant autiste », Flora Yaméogo, pédopsychiatre

autisme uneSelon la classification internationale des maladies de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), l’autisme est un trouble envahissant du développement qui affecte les fonctions cérébrales. C'est une maladie encore peu connue des Burkinabè, mais qui touche de plus en plus d'enfants. Docteur Flora Yaméogo est pédopsychiatre et reçoit en permanence des enfants atteints d'autisme. Radars info Burkina a pris langue avec elle pour mieux connaître ce trouble comportemental qu'est l'autisme.

Radars info Burkina : Qu'est-ce que l'autisme ?

Flora Yaméogo : C’est un trouble du développement d’origine neurobiologique dont le diagnostic se fait sur la base de caractéristiques du comportement et du développement. L'autisme est un handicap. Ce n'est pas une maladie, contrairement à ce que l'on peut penser. Trois éléments cumulatifs caractérisent l’autisme : un trouble de la communication, une perturbation des relations sociales et des troubles du comportement. L'autisme n'est pas héréditaire mais, selon certains chercheurs, il y aurait une part de génétique et aussi de l'environnement de l'enfant dans ce trouble. C'est pourquoi il n'y a pas "un" autisme mais "des" autismes car pour chaque enfant, la proportion du facteur génétique et de l'environnement diffère. Le diagnostic d'autisme ne peut être posé chez l'enfant avant l'âge de 3 ans.

RIB : Est-ce qu'il existe des statistiques sur l’autisme au Burkina Faso ?

FY : Au Burkina, aucune statistique n’existe sur ce plan pour l'instant. Mais dans mon service, qui est la pédopsychiatrie, nous recevons un nombre de plus en plus élevé d'enfants d'année en année.

RIB : Quels sont les signes que présentent les enfants atteints d'autisme ?

FY : Les manifestations de l’autisme peuvent varier d’un enfant à un autre et chez un même enfant dans le temps. Les parents sont généralement les premiers à déceler les symptômes de ce trouble chez leur rejeton. Déjà au stade de nourrisson, un bébé atteint d’autisme peut ne pas réagir aux autres, ou se concentrer très attentivement sur un centre d’intérêt, à l’inverse des autres mômes, pendant de très longues périodes.Un enfant autiste peut sembler se développer normalement mais se replier ensuite et devenir indifférent à tout contact social. Ce type de sujet présente un trouble du comportement (hyperactivité, stéréotypie gestuelle...), un trouble de la communication sociale (absence de langage, retrait, indifférence à l'entourage...), un trouble des conduites alimentaires (sélection des repas) et certains parents consultent d'abord dans des services d'ORL, pensant à un problème de surdité ou de neurologie, à cause des troubles du comportement par exemple, avant d'être référés en pédopsychiatrie, où nous posons le diagnostic. Certains parents avouent avoir honte de sortir avec leur enfant autiste. On peut donc très bien imaginer que d'autres ne veuillent même pas les amener en consultation.

RIB : Quelle est la prise en charge adéquate pour un enfant autiste ?

FY : La prise en charge des enfants autistes doit être faite conjointement par les spécialistes et les parents. L'implication des parents est primordiale dans cette prise en charge. Ils pourront bénéficier d'une guidance à cet effet. Pour communiquer avec un enfant autiste, il faut avoir de la patience et de l'abnégation et, chaque enfant étant différent, la meilleure manière de faire est à découvrir auprès de lui. Pour beaucoup d’enfants, les symptômes s’améliorent avec le traitement et l’âge. En grandissant, certains jeunes patients atteints d’autisme finissent par mener une vie normale ou quasi normale.

RIB : Quels conseils avez-vous à donner aux parents dont l’enfant présente des signes d'autisme ?

FY : Si votre enfant semble vous ignorer, évite votre regard, ne répond pas à l'appel de son nom, ne parle pas, fait les mêmes gestes quelquefois, amenez-le en consultation en pédopsychiatrie. Plus précocement votre enfant sera diagnostiqué autiste, mieux on pourra l'aider. Surtout, ne donnez pas d’écrans (tablette, smartphone...) à vos très jeunes enfants, ne les laissez pas devant la télé trop longtemps. Pas d'écran avant l'âge de 4 ans et, même  après 4 ans, un accès limité à l’écran. Un enfant de 2 ans devant la télé pendant quelques heures par jour développe des signes semblables à ceux de l'autisme. Privilégiez du matériel de jeu interactif, la lecture de livres. N'ayez jamais honte de votre enfant. Quel que soit son handicap, attelez-vous à l'aider du mieux que vous pouvez.

Propos recueillis par Armelle Ouédraogo (Stagiaire)

Comments (0)

There are no comments posted here yet

Leave your comments

  1. Posting comment as a guest.
Attachments (0 / 3)
Share Your Location
  1. Les Plus Récents
  2. Les Plus Populaires
  1. Articles vedettes