Au Burkina Faso, pour permettre le bon déroulement des activités et équilibrer le jeu politique afin de permettre un bon ancrage de la démocratie, une subvention est accordée chaque année aux partis politiques et organisations syndicales. Sur le terrain, ces subventions arrivent-elles vraiment à influencer positivement la vie politique du pays ?
L’article 13 de la Constitution burkinabè de juin 1991 dispose que les partis et formations politiques concourent, entre autres, à l’animation de la vie politique, à l’information et à l’éducation. Maillon important de la démocratie plurielle, les partis politiques contribuent donc à l’animation de la vie publique. C’est dans le but de les soutenir dans leurs activités que l’Etat leur accorde une aide financière. Pour les acteurs politiques, cet appui doit servir à leur fonctionnement, c'est-à-dire aux activités hors campagne électorale. Selon le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, Siméon Sawadogo, comme activités entrant dans ce cadre on peut citer « la tenue des instances statutaires des partis et formations politiques, les activités de formation politique des membres et sympathisants, la couverture médiatique des évènements des partis et formations politiques, l’édition et la promotion d’ouvrages sur l’idéologie politique des partis et formations politiques ».
En ce qui concerne les organisations syndicales, l’allocation de la subvention de l’Etat se justifie par le fait que celles-ci contribuent à inspirer, animer et contrôler les politiques des organisations populaires. Narcisse Kima précise dans son mémoire de DEA (Diplôme d'études approfondies) que les syndicats « devraient s’occuper de la mobilisation des masses pour faire avancer rapidement toutes les branches de l'économie nationale, accomplir et dépasser les plans économiques nationaux, promouvoir le progrès technique, assurer un progrès ininterrompu de la productivité pour réaliser une croissance rapide de la production industrielle et agricole et une élévation du niveau de vie matériel et culturel du peuple ». Au Burkina Faso, le rôle de contrôle des politiques dévolu aux syndicats est bien perceptible. Les mouvements de protestation conduits par les syndicats ayant renversé le régime autoritaire du président Maurice Yaméogo le 3 janvier 1966 et ayant fait échec au coup d’Etat perpétré par l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) en 2015 en sont illustratifs.
Si c’est dans de tels cas que le législateur a prévu que ces organisations soient soutenues par l’Etat pour leurs activités, cela est compréhensible et louable. Il importe alors de nous interroger sur l’usage que font de ces subventions ces deux types organisations. Si pour les syndicats les résultats sont notables, pour les partis politiques il faut reconnaître que certaines activités hors campagne ne sont pas très perceptibles. Au nombre de celles-ci, la formation politique des militants. Pour Désiré Kambou, étudiant, « ce n’est que pendant les compagnes politiques que l’on sent les hommes politiques dans nos murs ». Nous pensons donc qu’un regard doit être porté sur les activités que cette subvention de l'Etat permet de financer.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné