La DW se penche sur la tradition monarchique des régimes politiques en Afrique avant la colonisation. Beaucoup d’historiens estiment que les sociétés africaines avaient expérimenté leurs modèles de démocratie.
Chez les Dogons au Mali, par exemple, le chef est certes vénéré mais son prestige est simplement religieux. En clair, il est une sorte d’autorité morale dont le rôle consiste à uniquement empêcher les troubles, sans pouvoir de coercition.
C'est un système similaire chez les Ibo, une ethnie habitant le sud-est du Nigeria, où le chef ne décidait qu’après une large consultation populaire.
Chez les Ewe, qu’on retrouve au sud-est du Ghana et au sud du Togo, le roi n’avait pas droit de vie ou de mort sur ses sujets.
"Dans le rite d'initiation de ce roi, il y a des ministres qui sont imposés au point qu'il ne peut pas outrepasser ses droits. Chez les Ewe par exemple, il y a ce qu'ils appellent le Fioto, le père du roi. Au moment où le roi est intronisé, le Fioto est cette personne qui peut interpeller le roi à tout moment si celui-ci est en train de dériver par rapport aux règles de bienséance. Donc, il peut l'interpeller. Toute personne peut aller se plaindre chez le Fioto ou le père du roi pour dire : le roi a telle ou telle attitude qui ne convient pas", explique Michel Goeh-Akue, professeur d'histoire à l'Université de Lomé.
La situation était tout autre dans le royaume du Kanem, dans l’ouest du Tchad. Son souverain, appelé le Mai, était doté pour sa part d’un pouvoir absolu sur ses sujets qu’il asservissait et réduisait en esclavage à sa guise.
Réalités sociologiques
En dépit de la disparité dans la gouvernance de certaines sociétés africaines, le sociologue burkinabè André Batchana estime que le modèle qui était en vigueur correspondait aux réalités sociologiques des peuples.
"Nos peuples étaient bien dirigés. Nous avons eu des royaumes qui étaient solides pendant un certain temps. Jusqu’à l’arrivée du colonisateur. Il y avait une organisation sociopolitique qui émanait de nos traditions et chaque peuple avait son organisation pratique", soutient-il.
Charte du Manden
Entre 1235 et 1255, Soundiata Keita a régné à la tête du royaume du Mandingue (actuellement la Haute Guinée). Il est considéré comme un souverain qui avait une gestion juste et équitable de son royaume.
On lui attribue la rédaction de la Charte du Manden ou Charte de Kouroukan Fouga, édictée en 1236 et considérée comme le premier texte sur les droits de l'homme en Afrique.
Elle est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO depuis 2009.
Source : https://www.dw.com/fr/la-tradition-monarchique-en-afrique-avant-la-colonisation/a-47483743