Chaque année, le Burkina Faso perd environ 100 000 hectares de terres. Par conséquent, des espèces fruitières locales qui ont une grande importance pour la population sont en train de disparaître. Mais le constat qui est fait, c’est l’absence de ces plants sur les sites de réhabilitation. Face à ce phénomène, depuis un certain temps, l'Institut de l'environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso (INERA) travaille à rendre disponibles des plants de certaines espèces comme le néré, le karité, le baobab, les lianes et le tamarinier.
Nombreux sont ceux qui tirent leurs revenus du commerce des fruits des arbres locaux. Si certains les vendent à l’état brut, d’autres par contre les transforment en beurre ou en jus qu’ils commercialisent. Malheureusement, ces espèces en voie d’extinction dans la nature sont inexistantes dans la politique de reconstruction du couvert végétal.
Pour y remédier, au département Environnement et forêt de l’INERA, il existe une pépinière dédiée aux espèces locales. «Par exemple le baobab, contrairement à ce que beaucoup pensent, est une espèce très facile à reproduire. Dans un village donné, on peut prendre un baobab dont les populations adorent le goût pour faire le greffage. Et c’est ce type de plants qu’on va vendre aux gens pour leur plantation», explique le Dr Louis Sawadogo, directeur de recherche à l’INERA.
A l’en croire, c’est à travers la technique du greffage que son institut parvient à raccourcir le cycle de production et à améliorer la qualité du produit obtenu.
«S’agissant du karité, il faut vraiment un investissement en temps et en argent pour sa reproduction. Dans notre pépinière, nous en produisons et quand ils vont atteindre une certaine taille, on va les greffer. En temps normal, il faut à un karité au moins 25 ans pour commencer à produire. Mais avec la technique du greffage, on arrive à raccourcir le cycle à 7 ans environ. Malheureusement le constat est qu’il n’y a pas un grand investissement à ce niveau. Pourtant, c’est notre cacao. En Côte d’Ivoire, ce qu’on investit dans la recherche pour le cacao est impressionnant», fait savoir le Dr Sawadogo.
Il ajoute qu’en ce qui concerne le karité, la technique permet à l’arbre de produire le caractère désiré (fruits à consommer ou amandes pour faire le beurre).
«Le néré, avec son ‘’soumbala’’, est une espèce en voie de disparition alors qu’on est en train de récuser les bouillons en cubes pour des problèmes de santé publique. Ainsi lors des campagnes de réhabilitation des sites dégradés, il faut songer à l’introduction de ces types de plants qui sont adaptés à nos sols et qui nous procurent des produits naturels», conseille-t-il.
Il nous apprend qu’il y a des gens qui ont déjà installé des vergers de nérés dans la zone de la province de la Sissili. Comme le karité, le néré est une plante dont l’INERA peut raccourcir le cycle de production et dans laquelle il peut introduire le caractère désiré.
Pour le directeur de recherche, la technicité et la volonté existent pour la réhabilitation des sites dégradés par des espèces locales. Toutefois, l’accompagnement financier de la recherche fait toujours défaut.
Aly Tinto (Stagiaire)