La jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) est une grande plante flottante qui a été transportée depuis plus d’un siècle sur toute la planète pour son intérêt horticole dans les bassins extérieurs. Cette plante cause certes une dégradation de la diversité biologique et des dommages dans de très nombreux milieux aquatiques, pouvant aller jusqu’à la mise en danger des populations humaines locales, mais elle pourrait devenir une ressource.
La jacinthe d’eau est une plante aquatique envahissante originaire d’Amazonie, et répandue par l’homme par le biais de l’horticulture dans les régions tropicales et subtropicales. Cette plante qui prend de plus en plus de l’espace dans les eaux au Burkina a des conséquences néfastes, aussi bien pour les espèces aquatiques que les humains. « L’un des désagréments les plus connus quand on parle de la jacinthe d’eau, c’est la prolifération de cette plante et sa propension à recouvrir totalement la surface de l’eau qu’elle colonise. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la navigation, l’irrigation, la pêche », explique Hermann Somé, environnementaliste.
Selon lui, cette plante a de nombreux effets néfastes sur l’environnement car elle provoque la disparition de nombreuses espèces de la flore et de la faune. Toute chose que soutient Etienne, un jardinier riverain du canal de Ouaga 2000. « Dès que la jacinthe pousse, les poissons se font rares. Nous avons l’habitude de pêcher ici mais dès que cette plante pousse, on peut faire une journée sans attraper de poisson. Ce sont les poissons tels que les silures qui arrivent à y survivre», confie-t-il.
Il faut rappeler qu’à plusieurs reprises, des opérations de destruction massive ont été organisées, mais elles ont vite montré leurs limites, puisque ces plantes envahissantes repoussent quelque temps après. Selon des études, ces plantes tenaces favorisent l’ensablement des berges, leur rétrécissement, voire leur disparition, entraînant la détérioration de la qualité de l’eau, empêchant le passage des rayons lumineux et par voie de conséquence la disparition de certaines espèces piscicoles, ainsi que la navigation fluviale.
Au lieu de livrer une bataille sans merci contre cette plante nocive, certains pays ont choisi de l’adopter et de la transformer à plusieurs usages. Si certains à travers leur ingéniosité arrivent à en faire des œuvres d’art, d’autres la mettent en valeur en l’utilisant dans la vannerie pour confectionner des meubles, des sacs, des paniers... De plus, cette plante peut être transformée en compost ou en charbon écologique. Cette valorisation génère des revenus qui améliorent les moyens de subsistance et donnent un intérêt à la récolte de la jacinthe d’eau par les riverains.
Edwige Sanou