Tous croyaient que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et l’Union pour le progrès et le changement (UPC), convolaient maintenant en justes noces après la séance de travail que Newton Ahmed BARRY et les membres du bureau exécutif du parti du lion, aient eu, portant notamment sur le nouveau code électoral, l’élaboration du fichier électoral sur la base de l’Office national d’identification (ONI) et le vote des Burkinabè de l’étranger. Mais il n’en est rien, si l’on s’en tient aux déclarations de Adama SOSSO et de ses camarades ce jeudi 11 octobre 2018, faisant le point de la visite du patron de la CENI à son siège. Ils affirment restés droits dans leurs bottes en rejetant le nouveau système d’enrôlement que la CENI veut mettre en place, même si les explications de Newton Ahmed BARRY ont eu le mérite de dissiper quelques zones d’ombre, concernant le processus électoral et le climat actuel de travail à la maison commune.
« Nous avons échangé sur toutes ces questions. Ils nous ont expliqué que pour pouvoir faire un fichier électoral, il faut travailler avec cela. Mais toutes les dispositions qui seront mises en place, s’ils vont pouvoir les déployer, nous sommes sûrs que si ça se passe comme ils l’ont dit, permettront de pouvoir toucher le maximum de personnes étant entendu que l’expérience sera vécue d’abord avec les élections référendaires et s’il y a correction après, nous la ferons ensemble. A ce stade, nous sommes arrivés à nous comprendre et nous sortons de cette salle rassurés que la CENI a pour mission de travailler dans l’intérêt général et nous, à l’UPC, n’avons pas d’objection à les accompagner », avait déclaré Adama SOSSO, deuxième vice-président de l’UPC, au sortir des 3h d’échanges de travail sur le fichier électoral, le nouveau code électoral, les conditions de vote des Burkinabè de l’extérieur et la vie de la CENI que Newton Ahmed BARRY a eu avec les membres du bureau exécutif du parti. Toute chose qui avait convaincu plus d’un que la CENI et l’UPC accordaient maintenant leurs violons quant à un processus électoral qui aboutirait à des élections inclusives et acceptée de tous. Mais tel n’est pas le cas. En effet, pour le deuxième vice-président, toutes les zones d’ombre ont été dissipé au niveau du parti du lion, car le président de la CENI, Newton Ahmed BARRY, s’est pendant trois heures durant évertué à lever le voile sur ce que l’UPC ne comprenait pas, mais cela ne veut pas pour autant dire que Newton Ahmed BARRY a convaincu l’UPC et a réussi à lui faire changer d’avis sur la question de la méthode d’enrôlement et du nouveau code électoral. « Ce n’est pas parce qu’on a compris quelque chose qu’on l’accepte. Nous nous sommes compris dans les échanges, mais dans le processus électoral en cours, nous n’avons jamais dit que nous étions d’accord avec le code électoral et la plateforme », a souligné Moussa ZERBO, porte-parole de l’UPC.
Adama SOSSO, deuxième vice-président de l’UPC
Face à la presse ce jeudi matin, le bureau exécutif de l’UPC conduit par Adama SOSSO est resté droit dans ses bottes. Ainsi, malgré la tentative du président Newton Ahmed BARRY d’emporter sa conviction quant aux questions du fichier électoral, de la méthode d’enrôlement et du nouveau électoral, le parti du lion, fidèle à son idéologie, rejette toujours la plateforme d’enrôlement proposée par le président de la CENI, parce que pour lui, cette forme d’enrôlement se basant sur les messages et les appels téléphoniques est une voie royale à la fraude électronique massive. Cela, même si dans sa démarche, Newton Ahmed BARRY a expliqué que cette plateforme n’est qu’une proposition, un projet qui sera finalisé dans sa conception le 30 octobre prochain et qu’après cette date, le dit projet sera d’abord expérimenté pendant deux semaines dans la région de l’Est.
Selon les conférenciers du jour, malgré les réponses apportées par le patron de la CENI aux différentes réserves qu’ils ont émises, ils restent toujours sur leur faim. C’est pourquoi, ils estiment que quelque soit les résultats de l'expérimentation de la plateforme proposée par le président de la CENI, ils la rejetteront, car la méthode de SMS et d'appels sur laquelle repose cette plateforme n'est pas fiable. Pour eux, nul n’ignore que l’Office nationale d’Identification (ONI) qui va mettre les données personnelles des Burkinabè à la disposition de la CENI est sous la houlette du ministère de l’administration territoriale et son président a des couleurs du parti au pouvoir. Toute chose qui les fait douter aussi de la sincérité des données qui seront transmises, sans oublier certains paramètres téléphoniques qui empêche la viabilité de ce système en l’état actuel au Burkina Faso. « Libre à lui (ndl : président de la CENI) de faire son expérimentation, mais quelqu’en soit les résultats, nous disons que la méthode utilisée n’est pas bonne et nous n’allons pas nous reconnaître dans cela, puisque étant partie intégrante même du code électoral. A partir du moment que l’UPC réaffirme qu’elle n’est pas d’accord avec le code électoral, d’office, elle ne peut pas être d’accord avec la plateforme », a précisé Moussa ZERBO.
Par ailleurs, l’UPC émet aussi des réserves quant à la paternité de cette plateforme portée par le président Newton Ahmed BARRY. « Est-ce que la plateforme est une trouvaille de M. Newton Ahmed BARRY ? Elle vient de qui, car on peut faire porter quelque chose par quelqu’un et à dessin ? », se demande le parti. En effet, pour le parti du lion, cette méthode de SMS et d'appels avait été cuisinée sous le régime Blaise COMPAORE, qui avait même en 2010, signé un décret en la matière, alors que Clément SAWADOGO, actuel ministre de la sécurité, était ministre de l'administration territoriale. Il s’agit du décret N°2010/499/PRES/PM/MATD. Toute chose qui lui fait croire qu’il y a anguille sous roche.
En outre, au cours de cette conférence de presse, l’UPC a une fois de plus rejeté le code électoral, notamment ses dispositions traitant du fichier électoral et celles qu’elles estiment excluant la majeure partie des Burkinabè de l’extérieur du processus électoral.
En ce qui concerne le climat délétère au sein de la maison commune, l’UPC affirme son indéfectible soutien aux commissaires de l’opposition à la CENI, qui pour elle, se battent constamment afin de garantir la transparence et l’équité des futures échéances électorales.
Candys Solange PILABRE/YARO