C’est un secret de polichinelle, au Burkina Faso, les femmes représentent plus de 52% de la population. Malgré cette supériorité numérique, elles contribuent très peu à la vie politique alors que paradoxalement, elles constituent un potentiel électoral important. Ce qui fait qu’au pays des hommes intègres, la politique semble être l’apanage des hommes même si la Constitution et le code électoral leur sont favorables. En effet, en dépit du fait que le quota exigé sur les listes électorales est de 30%, les femmes peinent toujours à prendre une place conséquente dans la gestion du pays : 10,23% de députées et 2,53% de mairesses en 2016 selon des statistiques. Qu’est-ce qui explique cette situation ? Quelles peuvent être les raisons de cette faible représentation ? Mais qui, mieux que les femmes, peut se prononcer sur la question. Radars Info Burkina a recueilli les avis de quelques unes sur la question.
Françoise, ménagère : « Les hommes au début refusaient que la femme travaille. Pourtant, cela n’est plus le cas de nos jours. C’est vrai que la femme ne peut pas faire tout ce que l’homme fait, mais elle peut faire beaucoup de choses. La faible représentation politique des femmes peut s’expliquer par la peur. Certains hommes sont tellement autoritaires qu’ils empêchent leur femme de s’épanouir. C’est tout cela qui freine l’engagement des femmes dans la politique. En effet, la politique implique des déplacements, des rencontres souvent tardives. Par exemple, si tu reviens après une rencontre tardive et que le mari te dis de repartir où tu as quitté, cela signifie du même coup la fin de ta vie politique. C’est une réalité qui démotive beaucoup de femmes, même si y en acertaines qui insistent malgré le refus de leur mari. Il faut que hommes essaient de comprendre et d’encourager les femmes. Quant on se marie, c’est pour se compléter. Il ne faut pas empêcher l’autre de s’épanouir. Mais personnellement, je ne suis pas engagée, parce que je n’aime pas la politique ».
Assétou, commerçante de fruits : « Les hommes ne facilitent pas la tâche aux femmes. J’aime bien la politique, mais je ne le fais pas, parce que mon mari me l’a interdit. Il trouve que quand une femme fait la politique, elle n’a plus le temps pour s’occuper de son foyer, car elle rentre tardivement et cela ne donne pas une bonne image d’elle. Comme c’est mon mari, je ne peux pas désobéir, sinon, Cela va envoyer des problèmes dans mon foyer. C’est pourquoi, j’ai préféré laisser tomber ».
Cécile SANOU, étudiante en master communication : « Il n y a pas très longtemps, la femme était considérée comme celle qui doit s’occuper uniquement du foyer, de l’éducation des enfants. Notons que la femme est en phase d’émancipation, mais cela n’est pas encore un acquis. Certains hommes instruits demandent à leurs femmes de ne pas travailler, donc difficile pour elles de s’affirmer sur le plan politique, qui d’ailleurs, est considéré comme un domaine réservé uniquement aux hommes. C’est un peu culturel. Même certaines femmes trouvent que la politique est l’affaire des hommes. Aussi, certains hommes ont du mal à accepter que les femmes prennent part à des échanges et donnent leur point de vue sur certaines questions, surtout d’ordre politique. Un autre aspect non moins important est la peur. En effet, la peur est due d’une part aux préjugés, car les femmes engagées politiquement sont mal vues dans notre société. D’autre part, il y a que les femmes souffrent d’un manque de confiance en soi ».
Mme SIMPORE, assistante administratif : « En Afrique et plus précisément au Burkina Faso, les femmes sont assez marginalisées sur la scène politique. Il y a beaucoup de préjugés sur celles qui sont dans le domaine. Pour certains, pour réussir ou avancer professionnellement, les femmes qui font la politique s’adonnent à des pratiques pas très catholiques. Il faut accepter certaines conditions, qui n’honorent pas la femme, surtout pour celles qui sont mariées. Les hommes qui connaissent bien le milieu de la politique ne laissant pas leurs femmes s’engager. Tout cela donne une mauvaise image des femmes qui font la politique. Souvent, elles sont considérées comme des femmes qui ne sont pas sérieuses, qui ne respectent pas leurs maris. Certains même vont jusqu'à dire qu’elles ne peuvent pas vivre avec un homme, parce que ce dernier ne pourra pas support ses multiples absences et son manque de respect. C’est pourquoi, nombreux sont les hommes qui ne veulent pas que leurs femmes fassent la politique ».
Propos recueillis par Edwige SANOU
