Le ministère de la Justice, des Droits humains et de la Promotion civique a entrepris en 2018, avec l’appui de ses partenaires, la réalisation d’un sondage en vue de disposer de données renseignant des indicateurs de la politique sectorielle justice et droits humains (PS-JDH). L’objectif général de l’étude était de mesurer le niveau de confiance de la population vis-à-vis de la justice ainsi que sa perception du respect des droits humains et des règles du civisme au Burkina Faso. L’enquête, réalisée aussi bien en milieu rural qu’Urbain, a concerné toutes les 13 régions du pays. L’un des aspects de ce rapport, c'est qu'il s’est penché sur la culture de la tolérance et de la paix au Burkina Faso. Il en ressort qu’une grande majorité de la population burkinabè, précisément 62,4%, déclare qu’elle fera recours à la chefferie traditionnelle en cas de conflits communautaires.
«La culture de la tolérance et de la paix est un domaine un peu complexe qui peut concerner une variété de domaines dans la société burkinabè (culturel, communautaire, religieux, politique, etc.). Dans le cadre du présent sondage, la culture de la tolérance et de la paix est appréhendée à travers l’attitude observée en cas de conflits communautaires, celle observée en cas de désaccord sur les résultats des élections municipales et la connaissance de l’Observatoire national de prévention et de gestion des conflits communautaires (ONAPREGECC) », lit-on dans le rapport.
Il y est en outre précisé : « En ce qui concerne l’attitude observée par la population en cas de conflits communautaires, la population dans une large majorité (62,4%), déclare qu’elle fera recours à la chefferie traditionnelle. Le recours à l’administration (autorité administrative et autorité judiciaire) est une solution envisagée par 29,5% de la population. On peut en outre noter que le recours à la justice privée (se faire justice) est une option envisagée par seulement 0,6% de la population. Il existe toutefois des disparités selon le milieu de résidence des répondants. En effet, on peut observer que le recours à la chefferie traditionnelle est envisagé par 68,7% de la population vivant en milieu rural contre seulement 43,3% de ceux qui vivent en milieu urbain. La proportion de la population envisageant le recours à l’administration (autorité administrative et autorité judiciaire) comme solution est de 25,7% en milieu rural et un peu plus du double (40,9%) en milieu urbain ».
Les élections municipales au Burkina Faso sont souvent marquées par des contestations de partisans de différents bords politiques. Cette étude s’est intéressée à la réaction de la population en cas de désaccord sur les résultats des élections municipales. Ainsi, 1,1% des répondants ont déclaré qu’ils bloqueraient la mise en place du conseil municipal, 0,4% ont déclaré qu’ils commettraient des actes de vandalisme et 43,1% saisiraient la justice. Il faut noter que 55,4% des déclarations concernent d’autres alternatives que les populations envisageraient en cas de désaccord sur les résultats des élections municipales.
En vue de prévenir et d’assurer la gestion intégrée des conflits communautaires au Burkina Faso, il a été créé en 2016 l’ONAPREGECC, qui devrait disposer de démembrements aux niveaux régional, provincial, départemental et villageois afin de toucher au plus près les communautés à la base. « L’une des conditions du succès de cet observatoire qui se veut proche des communautés demeure certainement la connaissance de son existence par les populations. Dans le cadre de ce sondage dont un volet s’intéresse à la connaissance de ONAPREGECC par la population, seulement 6,7% des enquêtés ont déclaré connaître l’ONAPREGECC, contre 93,3% qui déclarent ne pas le connaître. En milieu urbain, 7,3% des populations déclarent connaître l’ONAPREGECC contre 6,5% en milieu rural », indique ledit rapport.
Aly Tinto