La communication gouvernementale au sujet des attaques terroristes au Burkina Faso a fait l’objet d’interpellation du gouvernement par les journalistes. Le ministre porte-parole du gouvernement a indiqué le processus de remontée de l’information, ce qui justifie la lenteur des communiqués et la réglementation en la matière.
Fustigeant certaines informations diffusées après les attaques de Boungou, le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Rémis Fulgance Dandjinou, s’en est indigné en ces termes : « Comparaison n’est pas raison. J’imagine quelqu’un dire à Paris ou à Washington que si tu franchis le fleuve tu vas subir un attentat. Les services de sécurité vont l’appeler pour lui demander où il a eu cette information. Quand des gens disent que nous avons enregistré 98 victimes et estiment que le gouvernement raconte sa vie, c’est dangereux. Si ceux-ci savent où se trouvent les autres victimes qu’ils viennent nous les montrer, puisque le gouvernement a communiqué sur 38 ».
Selon le porte-parole du gouvernement, de nos jours dans l’esprit de la pratique de la liberté d’expression nous sommes arrivés à un stade où l’on croit que l’on peut dire tout ce que l’on veut, mais on n’a pas le droit de nous reprocher quelque chose. En matière de communication en ces périodes, le ministre a indiqué qu’étant issu du monde de la presse, il en sait quelque chose et pense que c’est extrêmement important d’avoir un minimum de vérification avant publication. Pour celui-ci, le paradigme ne change pas du jour au lendemain, lorsque vous avez une attaque, la plus belle réaction du chef de sécurité, ce n’est pas de faire le décompte des victimes, c’est de stabiliser sa zone de couverture, d’abord, ensuite d’apporter des réponses concrètes à la question sécuritaire, et enfin, se référer à ses supérieurs pour la suite à donner. Le maillon de la remontée de l’information au niveau des forces de défense et de sécurité n’est pas aussi simple que cela, a affirmé Rémis Fulgance Dandjinou. Les hommes sur le terrain ont des missions précises, ils ont des priorités, c’est leur dernier souci de vous dire quand il y a eu une attaque, combien de victimes il y a eu, a-t-il martelé. Pour lui, leur mission principale, c’est de sécuriser leur espace, protéger leurs hommes et repousser l’attaque, après ils feront le décompte. Cependant, constate le porte-parole du gouvernement, les populations veulent qu’ils fassent le décompte pendant qu’ils sont dans le feu de l’action. Il estime que les délais de communication pendant les attaques peuvent être réduits, mais il faut éviter certaines choses. A titre d’exemple, il indique que quand les forces étrangères, notamment françaises, sont attaquées en cas de pertes en vies humaines, les acteurs d’ici sont au courant mais attendent que le gouvernement prenne le soin de prévenir la famille. Là-bas la presse le sait, elle garde l’information sous la main, le temps que ce travail minimum soit fait. Comme conseils, il invite à trouver les moyens d’équilibrer les éléments chaque fois avant diffusion. Par ailleurs, il a précisé qu’il y a un travail qui est fait avec le service d’information du gouvernement, de même qu’avec la société Facebook pour que les pages, les profils qui donnent l’impression qu’ils sont dans un système organisé de déstabilisation soient poursuivis.
Pour mémoire, la loi votée par l’Assemblée nationale dispose : « Est puni d’une peine d’emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une amende d’un million à dix millions de francs quiconque publie ou relaie en direct ou dans un temps voisin, par un moyen de communication quel que soit le support, des informations, images ou sons de nature à compromettre une opération ou d’une intervention des forces de défense et de sécurité en cas de commission d’acte terroriste ».
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné