dimanche 24 novembre 2024

32 ans après l’assassinat de Thomas Sankara : Retour sur les symboles du Conseil national de la révolution

revolLe 4 août 1983, de jeunes militaires prennent le pouvoir dans l’ancienne Haute Volta. Dans la foulée, ils annoncent l’installation d’un régime révolutionnaire, en rupture avec ce qu’ils qualifient de «néocolonialisme» et de «petite bourgeoisie locale». Pour joindre l’acte à la parole, des rues, des places publiques ainsi que des écoles seront baptisées en hommage à des événements, personnes et peuples en lutte. Le pays lui-même changera de nom et passera de Haute volta à Burkina Faso. 32 ans après l’assassinat de Thomas Sankara, Radars Info Burkina s’est intéressé aux symboles de sa révolution.

Comme toutes les révolutions du monde, celle du 04 août 1983 au Burkina Faso, avait besoin de symboles. Ainsi, Sankara et ses camarades se sont attelés à construire leurs actions autour de symboles qui reflétaient leur vision, en commençant par la date choisie pour le coup d'État.

En effet, la date du 04 août elle-même, est évocatrice d’un autre événement majeur dans le découpage chronologique de l’histoire du monde. Il s’agit de la Révolution française qui a engendré la chute de la monarchie et la naissance de la république en France. C’est cette date, à la veille du 05 août, date de l’indépendance du pays, que ces jeunes militaires ont choisi pour prendre le pouvoir.

De tous les changements symboliques et significatifs opérés par le CNR, le changement du nom, de l’hymne, des armoiries ainsi que du drapeau du pays restent les plus célèbres. En effet, en lieu place de la Haute Volta, nom du pays qui remonte à 1919, date de la création de la colonie, le pays devient le Burkina Faso le 04 août 1984, et ses habitants sont appelés les Burkinabè. Des appellations inspirées du mooré, du dioula et du fulfuldé, les trois principales langues parlées du pays.

Au-delà de ces symboles du pays, des écoles seront baptisées les unes en mémoire des anciens qui ont servi le pays, les autres en soutien au peuple en lutte ainsi qu’à leurs leaders. C’est le cas d’un des plus grands lycées qui deviendra le Lycée Nelson Mandela. Un baptême en soutien au prisonnier politique qu’était Nelson Mandela qui se dressait avec ses sympathisants contre l’apartheid au pays Zoulou. Un autre lycée portera le nom Marien N’Gouabi, en hommage au leader révolutionnaire de la République du Congo assassiné en 1977.

Le soutien de Sankara aux peuples en lutte était indéfectible. Ses mots qualifiés de durs en l’endroit de Pether Botta de l’Afrique du Sud ségrégationniste et du seigneur de guerre angolais Jonas Savimbi, restent toujours des discours que reprennent très souvent plusieurs générations de jeunes. « Celui qui aime son peuple doit aimer aussi les autres peuples » disait-il. C’est ainsi qu’une rue et un monument seront dédiés au peuple palestinien en lutte.

Les dates historiques fortes de la révolution elles-mêmes seront portées par des édifices publics. Ainsi le plus grand stade du pays portera le nom de stade du 04 août, date d'arrivée au pouvoir des révolutionnaires. Le 02 octobre, date de la prononciation du Discours de l’Orientation Politique (DOP), sera donné comme nom à plusieurs places à travers le pays. La plus grande place du pays quant à elle sera baptisée place de la révolution. Les boîtes de nuit seront remplacées par des Centres populaires de loisirs (CPL).

Comment ne pas évoquer la devise du pays ? Cette phrase choc d’appel patriotique pris chez les Cubains Castro et Che Guevara qu’est « la patrie ou la mort nous vaincrons.» aujourd’hui encore, même si elle n’est plus la devise officielle, elle achève l’hymne national et continue d’être brandi comme un slogan galvanisant des luttes.

Après l’assassinat de Thomas Sankara le 15 octobre 1987, au cours du processus de rectification du capitaine Blaise Compaoré l’ex-numéro 2 du CNR devenu président suit à ces événements tragiques, plusieurs symboles seront débaptisés. Il s'agit notamment de la place de la révolution, de la devise du pays, et le monument des soldats palestiniens a même disparu.

Aujourd’hui, plusieurs monuments de la révolution sont très peu promus et négligemment entretenus. La contribution des autorités du pays qui ont commencé à rendre hommage à Thomas Sankara ces dernières années, doit aussi inclure l’entretien de ces monuments et ces places.

Péma Néya

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