A l’orée des consultations électorales de 2020, l’heure est à la revue des troupes dans les états-majors des partis politiques. Guerre de succession, querelle de positionnement sont entre autres les principales causes des bisbilles entre leaders de partis politiques. Pour certains d’entre eux, c’est au niveau de la représentation nationale que cela se pose, pour d’autres si ce n’est au niveau des conseils municipaux, c’est au niveau du bureau exécutif national et même plus loin, dans la désignation des candidats pour 2020. Dans ce débat d’un certain niveau qui dépasse l’entendement du citoyen lambda, quelle est la place réservée aux militants de base ? Quelle pourrait être la répercussion sur eux ?
Pour Noufou Zougmoré, journaliste au journal Mutations, « les crises dans les partis doivent être permanentes. Un parti qui n’est pas traversé par différents courants n’en est pas un. Le débat doit être permanent et quand il y a un différend, c’est au mécanisme interne de régler cela. Mais très souvent au sein des partis politiques au Burkina Faso, c’est de l’indiscipline notoire. Il est fréquent de constater qu’en cas de problème, après quelques moments de tractations à l’interne, si l’une des parties n’est pas satisfaite, très vite elle claque la porte ou expose la crise au grand jour, et celle-ci est transposée au niveau des militants de base ». Pour lui, quand un militant est membre du bureau exécutif national ou est un élu au niveau du parlement ou de la municipalité, c'est compte tenu d’un certain poids qu’il a. Et ce poids, c’est la mobilisation des militants. De ce fait, si la crise n’est pas circonscrite au niveau interne, il y a forcément déchirure entre militants et c’est le parti qui en pâtit. C’est malheureusement ce qui est arrivé à plusieurs conseils municipaux issus des dernières élections.
Selon le professeur Albert Ouédraogo, ces agissements dans les partis politiques sont dans l’ordre normal des choses. Car, explique-t-il, « à l’approche des échéances électorales de 2020, on va assister à une redistribution des cartes sur l’échiquier politique. L’enjeu, c’est qu’aucun parti n’est assuré de remporter la victoire au premier tour. De plus, il y a une certaine frilosité qui se ressent parce que chaque parti essaie de se concentrer pour avoir le meilleur possible des candidats. C’est ce qui explique ces querelles de positionnement dans les différents partis politiques ».
Pour lui, au Burkina Faso il y a encore cette chance que ce type de débat n’ait aucune coloration ethnique ni religieuse et les leaders politiques ont intérêt à ne pas jouer sur ces facteurs. Si ces débats restent seulement au niveau politique, du côté des militants de base, on ne devrait rien avoir à craindre, a-t-il conclu.
De ce qui est des querelles de positionnement, Diemdioda Dicko, 3e vice-président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) déclare : « Ces conflits au sein des partis politiques sont souvent des conflits de générations ». Et ce qu’il faut craindre, c’est vraiment que ceux-ci gagnent la base.
Etant donné que chaque leader politique au sein d’un parti draine avec lui des militants, il est important en cas de crise de s’en tenir aux textes et règlement intérieur qui régulent le fonctionnement de ceux-ci. Enfin, les partis politiques au Burkina Faso doivent travailler à être institutionnalisés plutôt que de fonctionner comme des entreprises aux mains d’un seul supermanager, qui les manipule à sa guise.
Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné